25 décembre 2006
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19:13
Equinoxe 5
Tutoututoutou Touutouuu
Tuutuutou toutoutou
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Les plus grandes chaînes HiFi de France des cadres commerciaux d'IBM et de CII Honeywell Bull ont tourné à fond de ballon dans le living de leurs pavillons des zones résidentielles des Yvelines et autres Alpes-Maritimes pour tester leurs toutes nouvelles enceintes Cabasse dont le rendu des tweeters tintait comme du Baccara sur les bass-reflex vrombissant derrière le Ligne-Roset en cuir de chameau pleine peau sur cette musique des années 2000 produite par le jeune prodige de l'avant-garde musicale française, rejeton du grand compositeur des musiques de Samouraï et autres Oiseaux se cachent pour mourir où cabotinait le sémillant Richard Chamberlain en vieux premier, Maurice Jarre, père de l'énervogène Jean-Michel.
La grande époque du Sicob, salon de l'informatique sis au moderne CNIT de la futuriste Défense (ou le contraire, je ne sais déjà plus, la tête me tourne devant ce grand bond dans l'excellence tri-millénarienne), privilégiait l'électronique comme forme suprême de l'avenir artistique, qu'il soit graphique, cinématographique, télévisuel et bien entendu musical. L'archange Jean-Michel Jarre fut le messie de ce genre qui, via les systèmes 4 voies Blaukpunkt equaliseur graphique radio 4 bandes musicassette, remplit l'espace intérieur des break Volvo v70 et autres R30 V6 injection bordeaux.
La magie instrumentale passait par ces drôles d'orchestres sur circuits imprimés dont on ne pouvait douter de la fiabilité eu égard les millions de potards qui en couvraient les consoles de commande, comme cet ARP-2600 dont usèrent et abusèrent Jarre, Tangerine dream et autres Vangelis, à la fois le Philharmonique de Berlin et HAL réunis dans 26 kilos de carbonite, métallure et moleskine pour faire top-moumoutte dans le studio du château d'Hermenonville, inséré dans un très pratique flight-case malheureusement livré sans les 8 roadies moustachus nécessaires pour le placer à côté de ses 27 congénères transistorisés sur scène.
La scène en effet car c'est là que l'horripilant JMJ a conquis les foules qu'ils n'a eu de cesse de convoquer toujours plus nombreuses aux frais de tous les contribuables de la planète dans des shows aussi mégalomanes que ses clips à coups d'harpe-laser, projections laser, couscous laser et autres tulututu beuglés par des sonos à faire passer Hiroshima un 6 août pour un caisson acoustique zen. Juché sur scène, invisible par les millions de spectateurs en dépit des projections de sa tronche de benêt réjoui sur les gratte-ciel de Houston ou les pyramides de Gizeh, le golden boy de la symphonie électronique pour VRP de chez Manufrance a construit son mythique portrait en pied en triturant trois mi et un sol sur sa guitare synthé avec laquelle il s'affranchissait de la pesanteur des instruments diplodociens dont il programmait l'enveloppe adsr et le vcs sur les mystérieuses courbes de l'analogie électronique.
Aussi agaçants mais non moins passionnants furent les autres figures du futur, fumures métaphysiques sous la forme d'une troublante paire mal gémellisée au patronyme aussi russophone que cosmique qu'étaient Igor et Grichka Bogdanof. Bien avant leurs controversées et fumeuses thèses des années 1999 (Fluctuations quantiques de la signature de la métrique à l'échelle de Planck pour Grichka) et 2002 (État topologique de l'espace-remps à l'échelle 0 pour Igor) décomplexifiées dans l'approximatif et super bouquin Avant le big bang, alors qu'ils arrivaient encore à maîtriser leurs excroissances maxilaires aujourd'hui hypertrophiées avant l'expulsion imminente de je ne sais quelque Alien monozygote, le binôme présentait l'émission Temps X, alpha et oméga de la vulgarisation de pacotille de la science et de la fiction. Devant le télévisuel spectacle sabbatique, pré-pubères et post-pubères de cariotype XY achevèrent de bâtir leur imaginaire d'un monde plus neuf et plus vrai, un pied dans le futur et l'autre jambe dans des babygros argentées post-Battlestar Galactica que même l'URSS ne voulait pas comme pyjamas pour ses cosmonautes dans leurs froides nuits miresques. François de Closets était le prophète du modernisme, les Bogdanov en furent les messies sur une bande-son de Jean-Michel Jarre.
Mais foin de combinaisons et brushings stellaires, la réduction de Jarre à l'électronique serait un juste procès s'il n'était nonobstant la partie émergée d'un iceberg riche de qualités musicales dont nous ne saurions développer les différentes branches tant de plus compétents que nous se sont décarcassés tels les Pères Ducros du Bontempi. Oh, pas que nous ayions la flemme de nourrir nos insatiables lecteurs de charmantes storiettes sur ces gonzes qui se sont crus malins depuis 80 ans à faire croire qu'une boîte maronnasse qui bilibilip valait bien une viole en aulne qui trille.
D'ailleurs, sérieusement, pouvons-nous répudier en toute sincérité ces pionniers sans qui on ne pourrait aujourd'hui télécharger des sonneries Crazy frog à 1,54 euro hors tarif SMS ? Comment ferions-nous pour patienter aux standards des plus grands services téléphoniques du monde (je dis bien : du monde !) sans la subtile reprise numérique du printemps vivaldien au Casio PT-20 ? Serions-nous aussi fiers de notre société occidentale sans le ballet de ces petits singes roses à roulettes vrillant les couloirs de correspondance des métros européens de l'air de la lambada en clignottant et virevoltant en des 8 chaotiques aux pieds d'un vendeur de gadgets en provenance du sous-continent indien (le vendeur, pas les gadgets qui sont eux singawaïnais du sud) ?
Alors Jarre vaut bien un hommage du grand Mario dans ce volume 44 de Pop Hits, le Hit parade chanté. Aucun des chanteurs du-dit Mario ne s'est pourtant risqué au jeu du grand ridicule sur la reprise de ce morceau sans paroles dont nous avons toutefois humblement tenté de rendre par l'écrit littéral l'effet cosmique de l'Oeuvre jarrienne. De facto, l'interprétation mariole, bien que courageuse et aux sonorités bien trouvées, est largement plus lamentable que la moyenne des différentiels original-reprise pophitisenne, eu égard sûrement moins à la carence en matos de pointe de pépé Cavallero qu'à sa technique au clavier, plus doué aux arpèges sur Hammond qu'à la prog sur Oberheim, les nerds comprendront et les autres feront semblant.
Était-ce alors inéluctable que Mario ne susse honorer Jean-Michel autrement que par ces pathétiques bup-tututubup qu'on croirait exécutés au cornet à piston électrique ? Eh ben non ! Ca vous en bouche un coin, hein ? Car oui, Jarre n'est pas seulement un immense compositeur doublé d'un interprète hors-pair : il est aussi un parolier de génie. Certains liront quelque sarcasme dans la précédente sentence alors qu'il n'en est point dans son second membre traitant de la qualité de librettiste indéniable chez JMJ, tout au moins une fois dans sa vie, au service du grand Christophe et de la musique que le moustachu jetta sous ses Mots bleus. Que Dieu me bio-ionise les neurones si je m'en serais douté que Jean-Michel écrivit aussi bellement ! Jugez-en sur pièce plutôt que de glousser comme des pucelles demandant un autographe à Patrick Juvet :
Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
A tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre
Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra bien qu'elle comprenne
A tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancoeur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a pas besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus
Tragique musicalement (il s'agit d'ambiance, pas de l'effet, ne me faites pas dire ce que je ne saurais penser), cette chanson l'est aussi par la subtilité des mots, pas si roses que le succès populaire pourraient faire croire, et dont on saurait difficilement saisir au premier abord les paradoxes cachés comme autant de palimpsestes du mitan d'une décennie ambiguë. Certes, l'interprétation teintée d'amertume de Christophe joue pour une part de morfal dans la beauté de la chanson, transcendée dans sa désespérance par l'appropriation qu'en fit 4 lustres après Bashung pour une face B qu'on retrouva avec bonheur dans une compilation de qualité, comme quoi on n'est pas obligé de pondre du Pop Hits à la chaîne pour savoir reprendre les airs des autres.
Alors quoi : Jarre Jr ne serait-il doué qu'exceptionnellement ? On ne peut en douter à l'écoute des nombreuses autres chansons où il a collaboré, souvent à la plume mais pas que, notamment pour le vibrant Patrick Juvet avec qui notre vibrionnant claviériste a coécrit un bon paquet de daubes et quelques bijoux dont il ne serait pas exclu qu'on en traite donc quelque réinterprétation pophiette un de ces quatre ou le lendemain.
C'est quand même pour sa musique électronique, inaccessible pour Mario Cavallero, que Jarre fit sa réputation et la gloire du synthétiseur dans le monde entier, on croit rêver. La muséologie la plus chic comme la plus geek garde d'ailleurs des traces des contributions de ces synthétiseurs analogiques sur lesquels Jarre picota ses trululu de ses longs doigts de fifils à Maurice parmi une collection dithyrambique à faire palir d'envie le dernier des nerds et votre serviteur de conserve, ah le sagoin de gosse de rupin.
Car non content de se ravir de musique électronique du meilleur comme du pire accabit, le maître breugueur de céans qui vous cause ici dans le poste tomba sous le charme des bidouilleries sonores très tôt au point de se la pêter tout gamin en acquérant avec les économies de 3 ans d'anniversaires, Noëls et autres petites souris le premier synthétiseur analogique compact du monde (oui, vous avez bien lu : du monde !), une proto-merde monophonique de 14 kilos connue sous le doux nom de SH 1000 dans la prestigieuse famille électroniponne Roland et dont mon exemplaire ne dépassa que rarement des harmoniques plus évoluées que la ligne de dialogue musical de Rencontre du troisième type, au grand dam de mon entourage plus horripilé par le zinzin qu'attristé par mon incapacité à m'élever au rang d'artiste comme mon maître Jean-Michel Jarre, au risque que, du haut de ma petite taille et frustré de cet échec créatif, je ne devienne une crapule politique complètement excitée, facho et qui veux à tout prix prendre le pouvoir, comme... b'en comme Hitler tiens.
Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.
Tutoututoutou Touutouuu
Tuutuutou toutoutou
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Tou tutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toutututututu
Toututoututoututoutu Toutu
Toututoututoututoutu Toutu
Les plus grandes chaînes HiFi de France des cadres commerciaux d'IBM et de CII Honeywell Bull ont tourné à fond de ballon dans le living de leurs pavillons des zones résidentielles des Yvelines et autres Alpes-Maritimes pour tester leurs toutes nouvelles enceintes Cabasse dont le rendu des tweeters tintait comme du Baccara sur les bass-reflex vrombissant derrière le Ligne-Roset en cuir de chameau pleine peau sur cette musique des années 2000 produite par le jeune prodige de l'avant-garde musicale française, rejeton du grand compositeur des musiques de Samouraï et autres Oiseaux se cachent pour mourir où cabotinait le sémillant Richard Chamberlain en vieux premier, Maurice Jarre, père de l'énervogène Jean-Michel.
La grande époque du Sicob, salon de l'informatique sis au moderne CNIT de la futuriste Défense (ou le contraire, je ne sais déjà plus, la tête me tourne devant ce grand bond dans l'excellence tri-millénarienne), privilégiait l'électronique comme forme suprême de l'avenir artistique, qu'il soit graphique, cinématographique, télévisuel et bien entendu musical. L'archange Jean-Michel Jarre fut le messie de ce genre qui, via les systèmes 4 voies Blaukpunkt equaliseur graphique radio 4 bandes musicassette, remplit l'espace intérieur des break Volvo v70 et autres R30 V6 injection bordeaux.
La magie instrumentale passait par ces drôles d'orchestres sur circuits imprimés dont on ne pouvait douter de la fiabilité eu égard les millions de potards qui en couvraient les consoles de commande, comme cet ARP-2600 dont usèrent et abusèrent Jarre, Tangerine dream et autres Vangelis, à la fois le Philharmonique de Berlin et HAL réunis dans 26 kilos de carbonite, métallure et moleskine pour faire top-moumoutte dans le studio du château d'Hermenonville, inséré dans un très pratique flight-case malheureusement livré sans les 8 roadies moustachus nécessaires pour le placer à côté de ses 27 congénères transistorisés sur scène.
La scène en effet car c'est là que l'horripilant JMJ a conquis les foules qu'ils n'a eu de cesse de convoquer toujours plus nombreuses aux frais de tous les contribuables de la planète dans des shows aussi mégalomanes que ses clips à coups d'harpe-laser, projections laser, couscous laser et autres tulututu beuglés par des sonos à faire passer Hiroshima un 6 août pour un caisson acoustique zen. Juché sur scène, invisible par les millions de spectateurs en dépit des projections de sa tronche de benêt réjoui sur les gratte-ciel de Houston ou les pyramides de Gizeh, le golden boy de la symphonie électronique pour VRP de chez Manufrance a construit son mythique portrait en pied en triturant trois mi et un sol sur sa guitare synthé avec laquelle il s'affranchissait de la pesanteur des instruments diplodociens dont il programmait l'enveloppe adsr et le vcs sur les mystérieuses courbes de l'analogie électronique.
Aussi agaçants mais non moins passionnants furent les autres figures du futur, fumures métaphysiques sous la forme d'une troublante paire mal gémellisée au patronyme aussi russophone que cosmique qu'étaient Igor et Grichka Bogdanof. Bien avant leurs controversées et fumeuses thèses des années 1999 (Fluctuations quantiques de la signature de la métrique à l'échelle de Planck pour Grichka) et 2002 (État topologique de l'espace-remps à l'échelle 0 pour Igor) décomplexifiées dans l'approximatif et super bouquin Avant le big bang, alors qu'ils arrivaient encore à maîtriser leurs excroissances maxilaires aujourd'hui hypertrophiées avant l'expulsion imminente de je ne sais quelque Alien monozygote, le binôme présentait l'émission Temps X, alpha et oméga de la vulgarisation de pacotille de la science et de la fiction. Devant le télévisuel spectacle sabbatique, pré-pubères et post-pubères de cariotype XY achevèrent de bâtir leur imaginaire d'un monde plus neuf et plus vrai, un pied dans le futur et l'autre jambe dans des babygros argentées post-Battlestar Galactica que même l'URSS ne voulait pas comme pyjamas pour ses cosmonautes dans leurs froides nuits miresques. François de Closets était le prophète du modernisme, les Bogdanov en furent les messies sur une bande-son de Jean-Michel Jarre.
Mais foin de combinaisons et brushings stellaires, la réduction de Jarre à l'électronique serait un juste procès s'il n'était nonobstant la partie émergée d'un iceberg riche de qualités musicales dont nous ne saurions développer les différentes branches tant de plus compétents que nous se sont décarcassés tels les Pères Ducros du Bontempi. Oh, pas que nous ayions la flemme de nourrir nos insatiables lecteurs de charmantes storiettes sur ces gonzes qui se sont crus malins depuis 80 ans à faire croire qu'une boîte maronnasse qui bilibilip valait bien une viole en aulne qui trille.
D'ailleurs, sérieusement, pouvons-nous répudier en toute sincérité ces pionniers sans qui on ne pourrait aujourd'hui télécharger des sonneries Crazy frog à 1,54 euro hors tarif SMS ? Comment ferions-nous pour patienter aux standards des plus grands services téléphoniques du monde (je dis bien : du monde !) sans la subtile reprise numérique du printemps vivaldien au Casio PT-20 ? Serions-nous aussi fiers de notre société occidentale sans le ballet de ces petits singes roses à roulettes vrillant les couloirs de correspondance des métros européens de l'air de la lambada en clignottant et virevoltant en des 8 chaotiques aux pieds d'un vendeur de gadgets en provenance du sous-continent indien (le vendeur, pas les gadgets qui sont eux singawaïnais du sud) ?
Alors Jarre vaut bien un hommage du grand Mario dans ce volume 44 de Pop Hits, le Hit parade chanté. Aucun des chanteurs du-dit Mario ne s'est pourtant risqué au jeu du grand ridicule sur la reprise de ce morceau sans paroles dont nous avons toutefois humblement tenté de rendre par l'écrit littéral l'effet cosmique de l'Oeuvre jarrienne. De facto, l'interprétation mariole, bien que courageuse et aux sonorités bien trouvées, est largement plus lamentable que la moyenne des différentiels original-reprise pophitisenne, eu égard sûrement moins à la carence en matos de pointe de pépé Cavallero qu'à sa technique au clavier, plus doué aux arpèges sur Hammond qu'à la prog sur Oberheim, les nerds comprendront et les autres feront semblant.
Était-ce alors inéluctable que Mario ne susse honorer Jean-Michel autrement que par ces pathétiques bup-tututubup qu'on croirait exécutés au cornet à piston électrique ? Eh ben non ! Ca vous en bouche un coin, hein ? Car oui, Jarre n'est pas seulement un immense compositeur doublé d'un interprète hors-pair : il est aussi un parolier de génie. Certains liront quelque sarcasme dans la précédente sentence alors qu'il n'en est point dans son second membre traitant de la qualité de librettiste indéniable chez JMJ, tout au moins une fois dans sa vie, au service du grand Christophe et de la musique que le moustachu jetta sous ses Mots bleus. Que Dieu me bio-ionise les neurones si je m'en serais douté que Jean-Michel écrivit aussi bellement ! Jugez-en sur pièce plutôt que de glousser comme des pucelles demandant un autographe à Patrick Juvet :
Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
A tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre
Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra bien qu'elle comprenne
A tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancoeur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a pas besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus
Tragique musicalement (il s'agit d'ambiance, pas de l'effet, ne me faites pas dire ce que je ne saurais penser), cette chanson l'est aussi par la subtilité des mots, pas si roses que le succès populaire pourraient faire croire, et dont on saurait difficilement saisir au premier abord les paradoxes cachés comme autant de palimpsestes du mitan d'une décennie ambiguë. Certes, l'interprétation teintée d'amertume de Christophe joue pour une part de morfal dans la beauté de la chanson, transcendée dans sa désespérance par l'appropriation qu'en fit 4 lustres après Bashung pour une face B qu'on retrouva avec bonheur dans une compilation de qualité, comme quoi on n'est pas obligé de pondre du Pop Hits à la chaîne pour savoir reprendre les airs des autres.
Alors quoi : Jarre Jr ne serait-il doué qu'exceptionnellement ? On ne peut en douter à l'écoute des nombreuses autres chansons où il a collaboré, souvent à la plume mais pas que, notamment pour le vibrant Patrick Juvet avec qui notre vibrionnant claviériste a coécrit un bon paquet de daubes et quelques bijoux dont il ne serait pas exclu qu'on en traite donc quelque réinterprétation pophiette un de ces quatre ou le lendemain.
C'est quand même pour sa musique électronique, inaccessible pour Mario Cavallero, que Jarre fit sa réputation et la gloire du synthétiseur dans le monde entier, on croit rêver. La muséologie la plus chic comme la plus geek garde d'ailleurs des traces des contributions de ces synthétiseurs analogiques sur lesquels Jarre picota ses trululu de ses longs doigts de fifils à Maurice parmi une collection dithyrambique à faire palir d'envie le dernier des nerds et votre serviteur de conserve, ah le sagoin de gosse de rupin.
Car non content de se ravir de musique électronique du meilleur comme du pire accabit, le maître breugueur de céans qui vous cause ici dans le poste tomba sous le charme des bidouilleries sonores très tôt au point de se la pêter tout gamin en acquérant avec les économies de 3 ans d'anniversaires, Noëls et autres petites souris le premier synthétiseur analogique compact du monde (oui, vous avez bien lu : du monde !), une proto-merde monophonique de 14 kilos connue sous le doux nom de SH 1000 dans la prestigieuse famille électroniponne Roland et dont mon exemplaire ne dépassa que rarement des harmoniques plus évoluées que la ligne de dialogue musical de Rencontre du troisième type, au grand dam de mon entourage plus horripilé par le zinzin qu'attristé par mon incapacité à m'élever au rang d'artiste comme mon maître Jean-Michel Jarre, au risque que, du haut de ma petite taille et frustré de cet échec créatif, je ne devienne une crapule politique complètement excitée, facho et qui veux à tout prix prendre le pouvoir, comme... b'en comme Hitler tiens.
Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.