L'éveil de la sexualité résonne au fond des bois en un feulement féminin extatique, a dit Lao Tseu.
Ou Michel Sardou.
Enfin bon, un mec qui s'y connaissait en la matière.
D'ailleurs, on en a la confirmation dans tout plein de disques, alors c'est sûrement vrai.
Non ?
Rhaaa, pourtant j'en suis sûr, il y a même des tas d'exemples, et si tant de disques convergent, ce ne peut être que le signe qu'un consensus les habite.
Non ?
Rhalala, vous me faites douter.
Pourtant, la réalité est formelle : une fille qui crie l'orgasme dans une chanson fait vendre les disques avec un taux de pénétration de +17%.
Non ?
Bon, vérifions sur pièces. Prenons au hasard n'importe quel disque complètement au hasard dans notre discothèque. Tiens, allez paf : Erotica, par Man (et je vous jure que c'est le total fruit du hasard que nous ayons déniché ce disque, récemment rentré dans la collection Pop Hits (le site) par le flair de mon frère d'âme).
Introduisons d'abord. Man, c'est 40 années de carrière, de psychédélisme mollasson en rock progressif lourdingue, d'un noyau dur original au surempilement de musiciens remplaçants recrutés chez Manpower tous les lundi matin à l'embauche.
Man est de ces groupes gallois inutiles, débitant des longueurs orchestrales avec force soli casse-couilles, saupoudrés de temps à autres d'un chant aussi crécelleux qu'une vieille cyberpute des bas-fonds de Blerug 34.
Coup de génie ou opportunisme commercial, le combo alors encore signé par Pye avant la consécration à venir (consécration aidée par la censure de la beeb, vous allez comprendre) sortait un 45 tours très médiocre, dont tant la face A au ahanement pseudo orgasmique que la face B vaguement psyché ne font nullement regretter que l'histoire ait laissé cette bande de zozos pédants dans ses limbes de la médiocrité, sévèrement garnies en l'occurrence (les limbes de la médiocrité musicale, suivez tudju !).
Nous vous en proposerons ultérieurement dans ce billet un aperçu sonore (ah on est 7.0 ou on ne l'est pas) de cette œuvre pourtant périssable mais que nous ne pouvons nous passer de vous faire connaître.
Rien que pour vous faire chier autant que nous le fûmes à l'écoute.
Pourtant, rien n'obligeait à tant de vulgarité pour faire chaud lapin en glissant des râles voluptueux. Quelques mois avant, Gainsbourg avait ouvert le bal en une Décadanse, refusée de sortie par BB et acceptée d'entrée par Birkin.
Maître du genre, il combla l'année 69 d'autres râles, dont la plus chouchounante est bien évidemment l'hymne hypersexué Je t'aime moi non plus où Birkin gravit les marches du 7e ciel sans en faire trop. La classe Mc Fly.
À 2000 années lumières des cris SM de Bambou sur le pathétique Love on the beat. Arf et toute cette sorte de choses, le roi est nul.
Nous vous narrions ici même d'autres essais plus concluants, comme cette terrible et torride version de l'Orgasmatron 2000 XLR par mademoiselle Summer, ici en son et là en image.
Le souverain de la feulerie sexuelle est un Prince qui saupoudra plusieurs de ses chansons de râles féminins ou masculins, comme ce finale hot hot hot d'Automatic, ou cette coquinerie de It, j'en pince et des meilleurs (Cindy C, Soft and wet, usw).
Tu m'étonnes que, après l'écoute effarouchée d'un Darling Nikki masturbatoire des plus crus (Purple rain le disque et Purple rain le film), une escouade de femmes de sénateurs étasuniens s'émouillèrent de tant de stupre giclant sur les écrans aux heures de grande écoute et dégoulinant par palettes entières sur les gondoles des supermarchés (qu'elles fréquentaient assidûment, tu parles). Soucieuses des chastes oreilles de leurs petits enfants, les marâtres exigèrent que les disques licencieux portent désormais une marque d'infâmie, le délicat sceau Parental advisory : explicit lyrics, aussitôt adopté comme label de qualité pour de nombreux artistes.
Merci Prince, tu es vraiment le king du marketing.
Et l'on déroulerait un paquet d'autres artistes, usant du procédé qui avec des voix féminines directement puisées dans d'authentiques faux films de boules (on reconnaîtra ainsi un extrait du Septième sceau sur Paul's boutique des Beastie Boys), qui avec des feulements androgynes laissant des traces toutes mouilles aux auditrices de la sex machine, mister Jaaaaaaames Brown !
D'autres balançaient leur mâle assurance à longueur de chansons, "Hou !" par-ci et "Han !" par-là, merci Iggy, Robert Plant & Cie.
Rien que pour le plaisir de l'évocation, le finale du French Kiss de Lil' Louis est un bijou que cette ci-après version courte émasculée peine à rendre la pleine jouissance de la version longue, très longue :
Plus pervers et moins pépère, Richard James troubla les râles et les corps en une mise en répétition dérangeante de sa trogne de tueur en série sur les corps masculins et féminins de rues californiennes en chaleur. On ne peut s'en lasser :
Notre fidèle Coutin, encore bien vivant et à qui nous rendions un hommage bien minable et minuscule sous la cheville de l'anar gauchiste qui découvre qu'il composait inconsciemment du rock orgasmique comme pas deux.
Mais qui mieux que nos amis d'outre Quiévrain de Chakachas pour balancer un Jungle fever des plus moites, dont les harangues extatiques ont été hurlées sans contrainte par la compagne du grand Tito Puente, chanteuse de tête du groupe, pour être ensuite gravées en 45 tours et en 33 itou.
Le morceau fut un hit en 1972, et entra dans le panthéon des morceaux des plus samplés de tous les temps, à commencer par Public Enemy et 2 live crew, excusez du pneu !
Durant votre écoute, quoi de mieux que de visiter la discographie du combo belge des Chakachas, belge mais qui se soignait en confiant certaines de ses pochettes au grand Michel Laguens, qui nous gratifia avec ce groupe de ses clichés parmi les plus classieux.
Pour zyeuter les pochettes, remplissez vous les esgourdes avec ce funk basique et orgasmique.
La même chanson, en version album, illustrée également par Laguens :
Et le titre Stories introduisant l'album éponyme, également sorti en 45 :
Quelques 45 tours des Chakachas, du mitan des 60's au début des 70's (light edition) :
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Un petit tour par Nico Gomez et son orchestre jumelé avec les Chakachas (les musiciens s'y croisent, dont Gomez), et toujours l'œil du grand Laguens, dont la maison de disques réutilise une des photos de la session également utilisée pour le 45 précédent des Chakachas (session qui fournit également des compiles bossa, un album de Perez Prado, etc.) :
La version néerlandaise de l'album, illustrée d'une autre photo de Laguens (bien que non créditée sur la pochette) reprend exactement les mêmes titres. Un bon conseil : ça ne sert donc à rien de l'acheter...
Ah, je vois que certains ont reconnu le short rose de la dame et qu'ils se ruent sur les billets précédents dans Pop Hits (le site) pour en retrouver la trace (du short rose). Ha ha ha ha ha ha ha ha ha les filous !
...
...
Brmpf.
Le grand album de Nico Gomez, c'est ce Ritual, album pas mal (bien qu'un peu limite question je te mélange de la rumba avec du funk, du chacha et de la salsa), réédité en cédé mais qui perd dans ce format plastique de sa superbe sans ce magnifique tirage, toujours laguensienne, toujours issue d'une autre session photo qui servit (entre autres) aux Chakachas. Quelle imagination !
Même s'il n'était pas le fondateur des Chakachas, son guitariste était une pointure bien connue des fadas d'exotica made in Europe : le grand Nico Gomez, pas vraiment Perez Prado (d'ailleurs il ne soufflait pas dans sa guitare) mais avec des idées bien barrées pour un quasi-batave, baptisé de naissance Joseph Van Het Groenewould. Ah ui, quand même, c'est moins sexotique que Nico Gomez.
Allez, d'autres gomezeries parmi un petit paquet bien fourni :
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Ayé, vous avez tout vu en écoutant jusqu'au bout Jungle fever ? Bien, reprenons notre exposé.
Brefle, question thermostat 10 au fond du calesouif, nombre de musiciens lâchèrent les cris qui tuent pour donner une ambiance qui chamarre et chavire dans leurs chansons, géniales ou grotesques.
Revenons donc à nos hommes nommés Homme. Non Homme comme le grand Josh, mais comme Man, en anglais dans le texte. Au singulier. Même s'il étaient plusieurs (on eut alors dit Men, mais bon, on ne va pas passer 3 plombes sur la leçon 5 du pluriel dans la méthode Assimil d'anglais)
Man ne pouvant fonder sa stratégie marketing sur l'accolage d'une étiquette référant à l'appellation d'orgie contrôlée Parental advisory etc. qui n'existait pas encore pour vendre son disque en 69, année ésotérique si l'en est, ce fut sans grande imagination qu'une photo torride fut choisie par Pye records pour illustrer la pochette (en tête de billet, tout en haut là-haut).
Une blonde langoureuse, paupières closes et lèvres purpurines entrouvertes, jouait vénêneusement l'appât commercial. Pour renforcer l'effet suggestif, la pochette est barrée d'un Erotica incarnat et tremblotant, annonciateur d'une débauche sonore des plus turgescentes dès que la crêpe plastique noirâtre serait déposée sous le chatouillis d'un saphir aiguisé.
Las, à l'écoute, l'auditeur reste sur sa soif, les ahans de la fille étant aussi érotiques qu'une trayeuse en mode autonettoyant, et la musique aussi chaudasse qu'un jingle d'attente de salle d'attente de dentiste.
D'ailleurs, pour que vous vous en fassiez une opinion éclairée sur pièce, les Mario Labs® ont numérisé les deux faces de ce disque, rien que pour vos yeux (surtout les oreilles).
Ouhlala ! Avant d'écouter, une sympathique lectrice audiophile et danseuses méritante nous écrit pour nous demander :
"Comment puis-je reconnaître que j'écoute un authentique enregistrement des Mario Labs® et que je ne me fais pas rouler par une vulgaire contrefaçon ?" nous demande Nadine M., de Gerardmer (88).
Ah, belle question qui te turlupine, chère Nadine M., de Gerardmer (88).
Saches, chère et douce Nadine M. qui se turlupine toute seule dans son grand lit à Gerardmer (88), qu'on reconnaît les travaux des Mario's creative conno multimedia laboratories® grâce à tous les scratchs, rayures et autres grésillements d'origine, et notamment en introduction le véritable craquement non trafiqué ni expurgé du diamant qui atterrit sur le vinyle véritable, disque respecté et préservé tel qu'il est dans la nature, sans nettoyage superfétatoire ni adjuvant superflu.
C'est à ces efforts technologiques, issus de la conquête spatiale, que les Pop Hits Slurps recordings de la collection Pop hits spectruuum sounds proposée par Pop Hits records corp. unltd. (une division de la Sonowarmer worldwide (à Besançon)) sont reconnaissables parmi cent productions discographiques.
Foin du son FM et des compressions de mauvaise qualité, haro sur les remasters overdubbés et les downloads FLAC hyperlèchés : exigez la qualité Mario Labs® !
Et maintenant, chère Nadine M., chères lectrices et chers lecteurs, devenez quelques minutes également des auditeurs de la bouillie estampillée Man, dont seule la face B pourrait éventuellement laisser accroire d'un quelconque intérêt (si tant est que vous avez des goûts de fond de bidet), mais dont la curiosité l'emportera et vous mènera au bout du bout de ces deux plages ci-après numérisées :
La face A : Erotica
L'autre face 2 de l'autre côté : Don't just stand there
Ah ça, vous étiez prévenus.
Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.
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