On peut tout ça et son contraire.
L'âge de raison
À 7 ans donc je connus mon premier émoi musical d'envergure. C'était en 1977, l'année du grand bouleversement musical. Je découvris en effet cette année là la 9e de Beethoven par le Philharmonique de Berlin dirigé par Karajan via l'autoradiocassettes de la Volvo familiale, conduisant les trilles et les chœurs en moult gesticulations agaçant mes frères et sœurs entassés avec moi à l'arrière de la berline, vocalisant autant que je ne venais de le faire sur Oxygene, chef d'œuvre visionnaire édité quelques mois auparavant. Je renaquis également, musicalement parlant, cette année là (1977, donc) par la force des stridences des cris du public de l'Hollywood Bowl du mitan des 60's quand furent enregistrées des sessions de concerts mémorables par leur imbécilité (on n'entendait rien) et leur furie qui font croire pour l'éternité que le rock 'n roll n'a qu'un nom : les Beatles.
C'était donc en 1977 que, par une soirée fraîche dans la chambre d'un mien cousin où j'avais suivi ma grande sœur et mon grand frère pour espionner des affaires de grands, je fus estomaqué par News of the world, l'album sorti cette année là par Queen. La pochette fut la première entrée en matière, dessin terrifiant d'un immense robot métallique dont coulaient de ses paluches ensanglantées les corps sans vie presque endormis du quatuor bruyant. La pochette dyptique (que nous appelons également dans notre jargon de fans de musique en pertes de lien avec la langue française une pochette "gatefold") s'ouvrait et donnait au dessin toute son ampleur par sa dimension incroyable, 60 cm sur 30 à l'extérieur pour le dessin, et un second tout aussi fou sur la même surface à l'intérieur. Moi qui n'y connaissait en disques pas plus que les ep de Dario Moreno et du Père Duval que ma mère faisait tourner sur son teppaz, ça me dépucela grave de chez groove.
Et putain, ça n'a pas perdu une ride. Chaque morceau de cet album pourrait entrer dans un top five, et si j'avais trouvé des vidéos potables d'accompagnement pour Sheer heart attack (le morceau, pas l'album), Get down make love ou Fight fom the inside, elles vous seraient ici brillamment exposées. Pour des raisons marketing et aimant la gaudriole, ce sera un scopitone hideux de We will rock you, chanson usée et élimée mais toujours aussi efficace malgré la routine des écoutes qui illustrera notre premier choix, avec force bottes en caoutchouc frappant le rythme de l'hymne des stades dans la neige mollassone.
Dans les années qui suivirent, peut-être même seulement au début des années 1980 lorsque les émissions puis les chaînes spécialisées en clips vidéos tapissèrent nos petits écrans de merde à la tonne, j'ai du enfin rencontrer la rhapsodie bohémienne, titre sorti peu de temps avant ma propre découverte couinesque mais dont je narrerai mon appréciation plus tard dans ce billet, le rattachant à l'épisode Wayne's world pour des raisons purement commerciales afin de tenir en haleine mon lectorat qui prendra également soin au fil de sa lecture d'appuyer sur les petites flèches sous les images embarquées sur cette page afin de se faire accompagner les esgourdes de la musique de Queen (évitez de cliquer toutes les flèches ensemble, ce n'est ni Kid A ni les Flaming Lips). C'est très 2.0 ce bousin, dingue !
"Ô temps suspends ton vol", comme dirait Frédéric Lefebvre (ou Nadine Morano, chéputrobin). "N'est-ce point toi, sale petite raclure de merdeux qui vomissait la disco, répétant sans les comprendre les antiennes de tes babas cools de prédécesseurs en fratrie, trop occupés à tripper sur Mama Béa, Ange, Whitesnake et autres drogués de Jimi Hendrix pour savoir savourer les Sister Sledge et Giorgio Moroder ? Alors pourquoi soudain, sans jamais renier tes harangues sur la musique bondissante, tu t'entichais du 45-tours d'Another one bites the dust que tu avais découvert puis gaulé chez ton tonton Marc ? Ce 45 qui avait suivi le même chemin qu'Emotional rescue (rhaaaa la double basse...) te faisait déjà et te fait encore sautiller et te trémousser comme une pupute un vendredi soir au Pink paradise, signe que le hard rock est peut-être né des ténèbres mais qu'il sombrera sûrement dans les strobos et boules à facettes." (ici on arrêtera les imprécations de la voix off, le style étant par trop grandiloquent et ne saurait réhausser un billet sur les délicats Queen qui n'en peuvent mais de tant de chantilly stylistique).
Reconnaissons qu'il est difficile de résister à ce hit pop de première bourre. Deacon a probablement emprunté la basse monstrueuse de ce single à Chic, et les guitares de May ne semblent pas venir de beaucoup plus loin que la rythmique de Nile Rodgers. De ce morceau magnifique en vulgarité, on datera peut-être le début des 80'z et la fin de Queen. La vidéo floue, bien qu'officielle, ne restera dans les annales que parce que j'ai décidé de lui donner sa chance sur Pop Hits, afin d'illustrer mon deuxième coup de cœur. Allez hop, en voiture Liliane, Simone fais les valises, on va gigoter du croupion chez les graisseux de façon autrement plus booty que Kiss.
L'âge de l'espace
Comment un garçon dont la croissance corticale n'était pas inquiétante outre mesure, au vu de sa propension à commander au papa Noyel des livres et autres encyclopédies, voire quelques jeux de société Milton Bradley mais aucunement des engins de loisirs extérieurs propres à révéler une masculinité brutale en devenir, comment un petit d'être humain qui n'avait connu de fautes de goûts que quelques rares tocades pour des funkries de métalleux (voir précédemment l'épisode intitulé L'âge du disco) pouvait-il à nouveau se vautrer dans un plaisir coupable envers des musiques à la vulgarité aussi grande que... que... allez tiens, j'arrête ça m'énerve !
La déchéance trouva son nouveau palier dans une chanson désormais découverte en même temps que la vidéo, signe des temps (là, normalement, l'auteur devrait délivrer un message profond et sarcastique sur la modernité et tout qui fout le camp ma bonne dame mais bon, jépaksaafout', j'ai un canard gras qui attend que je lui fasse frire le foie pour ce déjeuner de fête).
Découvert par sa vidéo, mais malheureusement pas par le film que je n'ai jamais pu voir, étant à l'époque trop jeune pour aller seul au cinoche et aujourd'hui trop sobre pour me vautrer devant RTL 9, Flash Gordon, le single queenesque me conquit pour tant de raisons que toutes les ressources d'over-blog ne sauraient suffire à m'en offrir les justes moyens pour les exprimer, même juste avec des tirets et en langage SMS. Mais disons au moins qu'outre la qualité musicale intrinsèque de cette tuerie (ah les "Ha-aaah !" orgasmiques post "Flash ! poum poum poum poum poum poum poum poum"), la vidéo me faisait découvrir les arcanes de la création musicale en marge d'une production cinématographique. Et ça, ça me trouait le cul. Un bon dessin vaut mieux qu'un long discours, et un piètre clip plus qu'une logorrhée béate, donc à vous les studios :
L'âge de la concupiscence
C'est désormais la vidéo qui s'impose comme le vecteur de découverte de ma nouvelle chouchoute des queequeen : I want to break free, vidéoclip hilarant dont on se demande si les potes de Freddie n'ont pas été finalement les plus courageux du monde à soutenir les inclinaisons sexuelles de leur glotte céleste, n'hésitant pas à sortir du placard le menton haut et l'humour en étendard, manière peut-être de renvoyer aux orties les homophobes qui reprenaient du poil de la bête immonde en ces débuts d'épidémie HIV. Le morceau n'est pas des plus transcendants, mais il m'est pour toujours indissociable de ce petit film dont la partie centrale est d'un kitch que je révère aux plus haut des cieux alleluïa in excelsis deo!
L'âge aid
Consécration suprême alors que j'éclusais un été d'adolescence finissante en banlieue bristolienne, scotché un uiquène durant sur le fenestron pour un Live Aid dont je retins instantanément et pour l'éternité l'un des plus grands lives de tous les temps, la performance scénique suprême, qui allait mettre le monde à genoux.
Et pis patatra, en préparant cette émission spéciale Le Père Noyel est un drag Queen, v'la-t-y pas que je me rends compte que bof, quand même, c'est pas si terrib'.
Mais cela reste un chouette souvenir :
L'âge bête
Comme beaucoup de fans de Queen, je n'ai pas attendu Wayne's world pour m'ébaubir sur la symphonie hard rococo et opiner de l'occiput comme une poule sur mon tas de fumier. Reste que le nanard jouissif d'il y a bientôt 20 ans a redonné une nouvelle jeunesse à la planète nerd que c'en est un plaisir de convier en un enchaînement respectueux l'original ridicule et la reprise coxinette (ui, je sais, c'est une Civic).
Alors bon, quand on nous casse les gloupinettes avec Paul Rodgers, permettez, mais je me gausse.
Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.
On ne s'étonnera pas d'un tel billet Top à Queen si l'on s'enquérit s'enquête s'enquirert s'informe du pourquoi sur un site approprié.