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le ouèbe résolument 7.0

Pop Hits, le hit parade chanté, c'est 10 ans, 54 albums vinyl (et quelques musicassettes), 634 reprises de chansons et quelques inédites, les pochettes les plus cheesecake de la galaxie, la qualité française aux éditions Musidisc International, une quintessence musicale orchestrée, dirigée et digérée par le Ray Coniff hexagonal, Monsieur Mario Cavallero en personne : c'est Pop Hits, le hit parade chanté.
Hmmm !!!

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This web site is dedicated to a french series of cover compilations of "hits" during the 70's : Pop Hits, le Hit parade chanté. Songs of the moment (the best and the worst ones) were badly covered by Mario Cavallero, his orchestra and his singers. The seasonal productions were magnificaly packed into cheesecake covers. In fact, the main (only ?) interest of this site. Check out in priority our Des pochettes section to watch and enjoy this artwork, climax of the french touch.

Les Plus Du Service Pop Hits

écoutez, c'est le son Pop Hits

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 20:00


C'est dur d'être aimé par des cons. En rupture définitive avec les rare red necks qui supportaient encore le countryman le moins bluegrass de tous les temps, l'homme à la voix d'or a revisité le rêve américain en une tetralogie dépouillée bien qu'ambitieuse, un peu pédante, beaucoup poseuse, sous la houlette du rusé Rick Rubin, l'homme au nez d'or pour débusquer les filons juteux et aux doigts de plomb pour mixer les albums.
Moins bravache que sa tournée des zonzons, sa tournée des bobos pour ce nouveau millénaire paye Cash de sa conversion aux bluettes de la pop musique et du rock indé des 4 dernières décennies. Échaudé par les récents coups de boutoir du nouveau rauque 'n' drogues man de la place, ci-devant dénommé Mark Lanegan, après la semonce difficilement surmontée que fut Tom Waits depuis la fin des années 70 et finalement mis à contribution en 1994, Gorge Profonde repris en main les rênes de l'attelage pour donner une bonne leçon de rock credibility à tout ce petit monde, nonobstant qu'il joue de la musique de merde pour bouseux du midwest. Mais bon, personne n'est parfait.

Du million dollar quartet, peu restèrent debout, mais seul lui eut le toupet de ramasser les oripeaux d'une civilisation en mal d'identité pour se bombarder l'Américain ultime. Johnny ne s'est, il est vrai, jamais embarassé de l'humilité comme conduite sociale et commerciale, grand bien lui en a toujours fait. Papy frippé aux cordes vocales toujours fraîches, le renégat de la country, qui avait pactisé avec le Faust du wakenwo depuis le mitan des années 1950 en partageant scènes et studios avec des joueurs de musique de nègres, ce vendu aux libéraux, communistes, pacifistes et autres râclures de fonds de pénitencier a semé les nonantes et les 2ks de son chapelet d'albums de reprises intimistes, construisant de son vivant son testament musical, anticipant le jouli coffret qui trônerait si bien sur les cheminées une fois sa binette 6 pieds sous terre.

Bien que sérieusement encensés, les deux premiers jets des American Recordings édités au milieu des années 1990 n'avaient pas créé le coup de tonnerre que furent les opus III et IV en 2000 et 2002, portés aux adorations planétaires par la conjonction d'une malheureusement hasardeuse bien vilaine maladie et d'une malheureusement prévisible bien vilaine programmation de reprises pompées à l'indie rock et à quelques stade rockers de la plus vile veine. Car ce sont les hits One puis Hurt et Personal Jesus qui réveillèrent les jeunes générations, toutes émoustillées par un vieil homme en noir qui posait deux-trois pickings aériens et son miel vocal sur des pop songs déjà fameuses mais jamais aussi putassièrement magnifiées.
 

American Idol

L'opportunisme est salué par les consultants sportifs comme une valeur suprême, signe, s'il en fallait encore de nouveau, que le sport est le ferment de la guerre économique et humaine. Marcher sur la tronche et les créations des autres est estimable aux yeux de certains si on le fait avec classe. De la sportive doctrine on observera de musicaux succédanés. C'est ici une agreste arrogance, traditionnelle à JR, qui fait passer à la moulinette sirupeuse discrète et réservée des hits pops et hargneux originellement (si ce n'est dans la forme en tout cas au fond).

Le coup proposé par Rubin fut de tirer un parti annexe de la pénible ballade One des subtils U2, succès planétaire et convenu mais dont l'apparente simplicité (relativement à l'habituel rococo du world combo) recèle un tiroir secret assez facilement accessible : derrière la chanson d'amour point la complainte amère et désabusée sur la nécessité d'un couple (ici un père et son fils séropositif) d'avoir à s'aimer et à s'unir pour survivre. On n'est pas ensemble pour s'aimer, on s'aime pour rester ensemble. Bigre, peste, holy gosh et toute cette sorte d'abattements devant la dureté de la vie. L'amour et la culture du manque de l'autre comme viatique à la solitude des hommes, voilà une bien triste vision de la société, réalité pour un groupe qui se rabibocha à l'époque autour de cette chanson par la force des choses, pour ne pas casser la poule aux œufs d'or. 
Aussi est-ce un peu facile de transformer le sens de cette chanson en l'union de l'homme et de son Dieu pour dépasser la maladie, ainsi que le fit Johnny et que son service de presse argumenta à longueur de communiqués et panégyriques, manière de recycler à son propre compte le sens d'une chanson certes ouverte mais plus cynique et bassement matérialiste qu'optimiste et niaisement mystique.
 

 


Encore insatisfait par le potentiel de ces compiles de reprises, Rubin monta les nouvelles sessions des American Recordings comme la parfaite machine à Cash, sélectionnant des titres dans l'indie rock, castant des musiciens prestigieux, et ce en dépit d'une orchestration toujours aussi austère et ne sacrifiant aux vulgaires duos qui s'imposent depuis peu dans le rock (même si Cash pousse la chansonnette avec quelques belles glottes). American IV : The man comes around casse la baraque parce qu'il se fait toujours accepté par les masses fidèles mais surtout parce qu'il réussit à conquérir avec ses sobres reprises indés de jeunes publics exigeants, terrassant toutes les presses, de la people à la roots, par-delà les styles musicaux et les chapelles.

Maquillé comme une bagnole volée, gai comme le Petit bonhomme en mousse et censuré de ses couronnes de merde en couronnes d'épines, le morceau caché le plus célèbre de Nine Inch Nails est devenu par la roucoulade de JR une racoleuse chanson à pécho les meufs, dont les images de la vidéo emphatiquement léchées par l'ex-photographe et nouveau cinéaste aux bottes de sept tonnes Mark Romanek (mon Dieu le sursignifiant Photo obsession !) permirent à Johnny de cachetonner dans toutes catégories imaginables des récompenses distribuées par les professionnels de la profession au travers le monde (oui, vous avec bien lu : au monde !).

  
Mais alors, si tout cela est beau et bien beau (car cela l'est, l'on lit bien mon propos), quel perfide procès est-il intenté à ces deux belles pièces musicales punaisées ici sur le tableau de la honte des supposés surestimés albums de la décennie 2000 ? Ne saurait-on laisser sur leur piédestal d'airain ces pépites d'or ici déposées avec amour, délicatesse et subtilité par le déclinant corps d'un encore rayonnant talent ? Ne pourrait-on faire cesser le sarcasme du jaloux qui s'arrache les ongles sur sa pauvre folk pour produire d'infâmes gargouillis et se venge en jouissant de tremper la plume de son clavier dans le fiel acide de la bouse de ses perverses pensées et de sa suffisance d'écrivaillon masqué derrière un pseudonyme arrogant ?

Hein ?

Franchement ? 

B'en nan. 
 

American Idiot

Et pour s'en démontrer encore une bonne tranche, si tant est que les deux précédents extraits ne suffisaient pour dévoiler l'esbrouffe du procédé casho-rubinesque, écoutons l'erreur suprême, la reprise de Personal Jesus, via un bricolage vidéo à la con monté pour faire passer ça sur les réseaux vidéos et s'égailler autant les pupilles que les esgourdes pendant 3 minutes et quèques.


Ayé ?

Bon, on y va. Formellement d'abord, la facilité de l'interprétation et de l'orchestration frise les exécutions semi-roots offertent de par le monde par les déclinaisons criardes d'un célèbre télécrochet. La posture essentialiste du chanteur de province qui veut faire accroire qu'il a percé le code fondamental de la chanson en la réinterprétant dénuée des
scories dont l'artiste original couvrit son chef d'œuvre pour des raisons incompréhensibles. "Mais bon, chuis là, écoutez-moi ça les cocos, c'est du trop pur grave de chez groove."
 


Mais le pompon dans cette version de Cash, c'est
la reprise d'une chanson ouvertement mécréante, naguère vilipendée par des extrémistes chrétiens de toutes sectes comme attentatoire à la christique clé de voûte du mysticisme papiste comme parpaillot. Le premier single du génial Violator à venir valut à Gahan et ses Depeche Mode une volée d'anathèmes pour son égotisme matérialiste et postmoderne, valorisant l'autosubsistance spirituelle de chacun et dévoilant l'individualisme comme vision cynique du genre humain. 
Ici, et Johnny ne s'en cacha pas, certains desperados ont su habilement détourner cette chanson en faisant accroire de l'intériorité de Jesus au sein de chacun, ce cher Jéjé qui transcendrait nos actes quotidiens comme notre vie entière, elle-même comme un hommage de tous les instants au célèbre rejeton de l'Autre resté tout là-haut pasqu'il faut tenir la caisse et qu'il n'a pas le temps de se fader le SAV individuel 7/7 24/24. Tout le contraire que ce que Gahan exprima à partir des paroles de Martin Gore, qui aime tant taquiner les religions comme pathétiques béquilles de l'âme humaine (Gore avait été impressionné par la fragile dépendance Priscilla Presley qui révérait et nommait son Elvis de mari de "Jesus personnel").
Et Cash transmuta tout ça en une ode à la foi. Whalaut' le vol à la tire !

Et c'est comme ça pour beaucoup des reprises que Johnny Cash fit dans ces sessions d'enregistrement de fin de vie. Évadé des flammes du cercle infernal de la drogue par la grâce de Dieu et de June Carter, Johnny n'eut de cesse lors de sa seconde carrière de racheter les fruits du Malin par ses angéliques revisitations, avalant le Saint-Esprit tout cru avec les plumes.

La troisième mi-temps de ce passage terrestre fut celle de l'épure. Par la grâce du malin Rick Rubin. Damned, Belzébuth vire également sa cuti en se mettant au service de l'archange Johnny.


American success

Les Ricains savent si bien reconstruire d'édifiantes histoires rédemptrices, où, des cendres pas encore consumées, le Phœnix déjà porte en majesté la saga des hommes même les plus ordinaires, avec quelques effets spéciaux d'ILM ou de CNNBC. Il fallait donc affiner le son, le moderniser et le réduire à l'expression la plus pure pour ce passage millénariste. Même si cela révèle l'abandon du courage dans l'orchestration country si brillante d'autrefois : il suffit d'écouter Tear stained letter (in American IV) et de la comparer aux quelques extraits rageurs mis en lien supra là au-dessus par en haut en dedans de ce billet pour se rendre compte de la médiocrité à peine passable dès que Johnny crache désormais son velours vocal accompagné par davantage qu'une guitare ou qu'un piano.
 
L'arnaque intellectuelle additionnée à ce dénuement forcené pour faire genre produisent des albums agréables et émotifs mais trompeurs et peu inventifs. Ils tirent la dévotion qu'ils génèrent de la mise en scène morbide de cet homme finissant dressant de son vivant son Panthéon personnel et s'y hissant au sommet comme un ange noir et magnifique terrassant pour quelques temps encore les dragons, celui intime de la maladie qui le ronge, et celui du clinquant showbizesque qui sclérose ses ex-collègues faibles et corrompus, incapables de peaufiner leur sortie et sombrant dans des débordements de crème chantilly en des shows vegasiens, de duos bonesques et de confidences sur canapés des grands networks hertziens à l'heure où Oprah arrache nos larmes à la petite cuillère. Cette brave posture empreint la perception qu'ont les auditeurs des American recordings d'une aura de courage et de force d'un vieillard qui a su, jusqu'aux confins de sa vie, cultiver la délicatesse d'une voix d'or et la simplicité de l'homme de la campagne, ramassant ses dernières affaires sur la prairie avant de bientôt s'y enfoncer à tout jamais, six pieds sous terre et la gloire aux cieux.

De biens beaux albums, touchants et lacrymaux, mais dont le briquage en statuettes géniales des productions phonographiques du nouveau millénaire est aussi ridicule que l'astiquage d'une boîte de confit de canard façon Grand-Mère, succulent et roboratif, mais loin de constituer un sommet de l'art.

Sauf pour les jeunes bourgeois dominants et les rockeurs boutonneux en quête d'authenticité à l'ancienne.


Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.



Pour savoir le pourquoi de cette chronique moins pophiette que flophiette, on suivra son inspiration ou cette redirection palimpseste.

 

 
 
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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 20:00

Qui aurait cru que l’un des albums les plus adulés par les happy fews de l’indie rock des 2ks serait une compile des succès du rock universitaire FM américain repris à la Black Sabbath par des diplômés du CalTech et d’UCLA en fin de thèse, le tout emballé et justifié en une faute de goût antique qu'est ce road album, hybridation grotesque des concept albums les plus péteux des 70’s et des road movies les plus dignes de la série Z prototarantinesque.
Le hard rock de
Songs for the deaf est tellement compliqué et incohérent entre chacune des chansons comme dans la structure souvent sans queue ni tête de chacune d'entre elles que c’en est une aubaine pour le peuple indé qui, vaguement décontenancé par ce mille-feuilles conceptuel, se rachète à bon compte une crédibilité musicologique perdue dans ses amours immodérées et honteuses pour des groupes plus triviaux comme Dream Theater, Metallica, Guns & Roses, Led Zeppelin ou Black Flag, selon les appétences de chacun.

On croit parfois que le tout est supérieur à la somme de chacun des éléments. Encore faut-il que l’assemblage ne soit pas prétexte à une pérégrination bringuebalante entre des univers bigarrés, parfois très intenses, mais qui, compactés en un très long album, étouffent lorsqu’ils ne donnent pas la nausée.

À se demander comment ont-ils pu en arriver à un tel brouet indigeste. 

Josh Homme, encore copilote des Queens of the stone age (il ne licenciera Nick Oliveri qu’en tournée promo de cet album alors que le succès et le magot à partager explosaient, arguant de l’impossibilité de travailler avec son codétenu par des explications vaguement prophylactiques qu’on entendra avec circonspection dès lors que cela faisait déjà des lustres que le bassiste se tartinait le blaze à la coco), ce grand gaillard en chef qu'est donc Josh argumenta à longueur de papiers et causettes marketing que ce collage patchwork est bien loin d’être une erreur, au contraire : l’album est conçu pour retracer la cavalcade au travers les steppes désertiques du sud californien que dut se farcir un soir miteux l’Homme des sables, traversée automobile depuis L.A. vers son ranch du Mojave, les esgourdes noyées dans l’enchevêtrement des aléatoires radios FM et hispanisantes dont les programmes bas de gamme le gonflaient au plus haut point par leur foutraquisme, leur irrespect pour chaque chanson charcutée par les infâmes jacteurs radiotoniques éructant à tout bout de champ leurs inepties bravaches et égotistes, sans compter l’émiettement en centaines de styles musicaux dont le seul point commun reste la médiocrité des extraits diffusés.

Pour sûr, la dérangeante retranscription de ce cauchemar lynchien est réussie, et l’effet offert à l’auditeur est pour le moins impeccable : Des tranches radiophoniques  pompées à Qui vous savez entrelardent les chansons comme autant de sons d’ambiance et d’exposition qu’on jurerait extraites d’un guilleret reportage des matins dominicaux des grandes ondes de la radiodiffusion française, servis en guise de ponctuations sonores à un dossier sur les milices anti-clandestins patrouillant le long du Rio Grande.
Chaque morceau offre un échantillon différent de cette glauque épopée du Jojo, du hard west coast au metal psyché, du FM au hard core, du fusion au fuzzy, du grunge au stoner pur jus, du teigneux au geignard, du trippant aux trippes dehors, panel assez peu digeste à la longue en dépit de très bonnes idées parfois. C’est comme ces repas de réveillon où chaque plat semble une super bonne idée mais dont l’enfilage au long cours des huîtres + foie gras + dinde aux marrons + choucroute melba + le kougloff aux escargots cuit dans la graisse d'urus (avec du miel !) requiert un tératube de Citrate de bétaïne pour bloquer la déferlante ébranlant déjà l’œsophage et barbotant les dents du fond d'un vomi tiédasse annoncé dès le milieu du gueuleton. Aux seules différences près que l’orgiaque
Songs for the deaf casse davantage le crâne que le bide.
Et qu’on peut zapper.

Ah ui, c’est utile de zapper cet album, de le remanier en petits ensembles plus harmonieux et supportables, pour en laisser de côté les morceaux de gras indigestes bien que prometteurs (argh, le retour à la batterie de Dave Grohl huit ans après la fin de Nirvana est plus pesant qu’un concours du plus gros mangeurs de chich kebab). On sautera aussi pertinemment les longueurs censées reproduire la torpeur du bush californien (
God is on the radio…). Et bien entendu, après un rapide remontage via Audacity, on supprimera la demi douzaine de breaks placés à outrance en plein milieu des chansons, silences abrupts de trop longues secondes qu’on imagine prévus pour relancer une machine souvent mollassone et qui en devient alors carrément ensablée dans les bas-côtés de cette Route 666 dont l’enfer est le ronron de ces systématiques et prévisibles changements d’ambiances aussi routiniers que les cerfs qu’on ne manque pas de renverser sur ces sombres voies rectilignes qui sillonnent de loin en loin les déserts infertiles comme les Landes du plat pays qui est le mien.
 

 


Ce qui ne colle pas dans la plupart des chansons de cet album, comparées au génial Rated R (précédent de 2 ans) ou l'encore plus magnifique Lullabies to paralyze (sorti en 2005), c’est bien souvent l’absence de caractère. Le groupe décline son ennui et ses voix tantôt traînantes, tantôt hurlantes (il est vrai que ce n’est finalement pas idiot d’avoir giclé Nick qui se prend parfois pour Mike Patton reprenant Child in time à la John Lydon pour remporter le concours du cri du cochon en rut au camping du Bol d'Or). Les cycles de la rythmique sont surempilés de bribes démultipliées de mini-solos (fallait bien faire un peu de place à Lanegan, officiellement 4e larron officiel sur ce disque où il est plus zombie que jamais). La batterie hache le tout en gros bouts qui se bloquent au milieu de la trachée. Quelques inspirations géniales offrent même de grands regrets, et on se dit que certaines pépites comme No one knows auraient gagné à être décalées en dehors de ce gloubiboulga prétentieux qu’est Songs for the deaf.

Quelques moments de honte peuvent même étreindre l’auditeur, quand du mauvais Tool (avec 10 ans de retard sur le son) mâtiné d’influences Abbey-roadiennes (avec 30 ans de retard sur le concept) fournissent un Song for the dead même pas digne d’une face B de Them Crooked Vultures.
Hangin' tree colle aux basques des grands frères Chili Peppers à la limite du plagiat, tout comme Do it again à Status Quo, période 12 gold bars.
On n'évitera pas la traditionnelle ballade du groupe, si souvent déchirante mais ici (Mosquito song) péniblement exécutée comme l’instant briquet d’un concert de Dyonisos, variation piano-violon en bonus pathétique à faire frémir les glaouis à Matthew Bellamy.


Comme toujours, les Queens of the stone age sont marquées par un imaginaire décalqué de
Stairway to heaven, mètre étalon et cellule souche éternelle du stoner, mais la recherche d’éclectisme tentée ici pour en rompre le formalisme habituel du gros hard glorieux désespère par son frénétique dispersement en une kyrielle de références codées. Le Signifiant de ces dizaines de clins d'œil sonores constitue au finale une grandiloquence kaléidoscopique où le Signifié se réduit à un dégueulis remanié par un artiste plasticien subventionné par le FRAC Limousin. De décennie en décennie, les Pink Floyd, Queen, Muse et autres QOTSA aiment à tartiner, conceptualiser, surcharger, balancer la sauce à tous vents comme un derviche-tourneur en pleine éjaculation.

Si Queen a mené le hard au comble du baroque grand-guignolesque, les Queens ont égaré le hard dans les limbes de l’intellectualisme migraineux. Tout est pensé dans cet album, réfléchi, mesuré, expérimenté. Plus QI que QOTSA, ce 3e album flatule des neurones comme une pléthorique leçon de philosophie dégorgée par un jeune thésard devant son premier auditoire de terminale, paniqué de n’en dire assez et obsédé par le dévidage de l’intégrale des références péchos en notes de bas de page du Hard Rock pour les nuls par Francis Zégut (préface de Brian May). La diversité et la richesse requièrent une sobriété et une cohérence dont Songs for the deaf est dénué sur l’ensemble, nonobstant des tas de bonnes trouvailles.

On se demande si cette branlette intellectuelle n’est pas une tentative pour réinsuffler une crédibilité arty et classieuse à une musique somme toute basique et qui n'en demandait tant, en décaissant des kilos de figures de style pour faire accroire de la richesse insoupçonnée de ce genre il est vrai souvent gaussé par l’intelligentsia musicologique. On cherche même à y rattraper la trivialité d’un propos par la vénusté d’une vidéo de toute beauté (se reporter à notre document audiovisuel infra) qui ne saurait en faire oublier le machisme si grossier et si commun aux graisseux, mode de vie qu’on apprécie généralement pour sa propension simple et directe à glorifier tout ce qui mousse, de la bière à la quiquette. Mais là c’est toc, on veut faire vaguement hardos en rejouant Highway to hell mais la liquette de trappeur sort de chez Ralph Lauren.



Et pourtant, l’apparente simplicité des autres albums des QOTSA souligne une intelligence bien plus fine que cette opulence synaptique qu’est Songs for the deaf. Elle est plus subtile dans ces autres albums construits comme des fractales où chaque détail reprend en plus complexes les formes faussement frustres balancées à longueur d’albums et de concerts de ce parfait stoner – puisque tel est intitulée la sous-marque du hard-rock dont les QOTSA ont été nommés têtes de file à leur corps défendant.


Paradoxalement, tout ce fatras fournit un album à part d’une discographie carrée, émotionnelle et globalement cohérente. Il est une parenthèse de fierté pour de nombreux auditeurs qui se sentent plus intelligents à la découverte de cet ambitieux kaléidoscope graisseux
Il se dévoile en option déculpabilisante pour des tas d’autres qui peuvent alors se lâcher à opiner de l’occiput avec plaisir en écoutant du rock, certes hard au fond, mais indie pour la forme.

Josh Homme n’est pas la moitié d’un con, preuve en sont ses castings prestigieux : Oliveri, Grohl ou Lanegan dans QOTSA ; Grohl encore et le Led-Zeppelin-en-solde John Paul Jones pour le rase-mottes premier album de Them Crooked Vultures ; Alain Johannes, ce crétin de républicain homophobe de Jesse Hugues ou Troy van Leeuwen dans Eagles of Death Metal, sas de décompression pour rentrer du cash sous son nom en ne jouant quasiment aucun concert ; sans égréner bien évidemment le Who’s who des collaborateurs épisodiques et réguliers des Desert Sessions, manière de rentabiliser les répétitions et les maquettes des albums officiels de QOTSA en vendant aux fans englués dans la toile protéiforme de l'Homme-araignée ces raw projects tout aussi lucratifs que la multiplication des maxis de Mylène Farmer et les coffrets collectors limited edition avec patch, médiator, porte-clés et poil pubien du chanteur. Il n’est donc pas étonnant, de la part d’un show-businessman aussi avisé que l’exemple pompier de Songs for the death ne fût jamais réitéré, ni même imité dans sa précieuse démarche lors des nombreux albums qui furent édités au gré des nombreuses franchises hommiennes.

 

Les vrais amateurs de QOTSA restent donc cois que tant de mélomanes de la meilleure bourre non seulement apprécient ce Songs for the deaf bavassant comme atteint du syndrome de la Tourette, mais pis : ils le révèrent comme un chef d’œuvre du nouveau millénaire.

Dingue. 

À désespérer d’éduquer les graisseux.

 

Mais ça, évidemment, personne n’ose le dire.



Pour savoir le pourquoi de cette chronique moins pophiette que flophiette, moins gratuitement hargneuse que foncièrement sincère (si si), on suivra son inspiration ou cette redirection palimpseste.


    

 


 

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 20:00



La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a
. C’est bien le problème des disques de reprises des années 70, constitués par des assemblages hétéroclites et homovages de chansonnettes souvent déjà tubesques emballés de criardes pochettes où l’on fait s’alanguir ou gigoter de blondes naïades à peine pubères en des poses supposées séductrices et généralement vaguement dérangeantes de mièvrerie parfois, de salacité souvent, de vulgarité toujours. Le résultat est généralement assez pitoyable, tant musicalement que picturalement.

On en viendrait donc à s’interroger sur ce qui différencie fondamentalement en cette année 1973 Mario Cavallero, son orchestre et ses chanteurs et David Bowie, ses araignées martiennes et ses platform boots . Pas grand chose en fait, y a pas à tortiller du sphincter. De premier visu, la laideur bleutée de la pochette de Pin Ups annonce la couleur sur le fond. Même pour l’époque, le lettrage n’est même pas digne d’une apprenti composeur offset en descente d’acide maquettant un tract de pare-brise pour l’ouverture d’une nouvelle djeanerie concurrente au Pantashop de la rue de la Gare (face au Palais de Justice). Les bustes hagards de Twiggie en phase de décrépitude post LSD et de Bowie en hallucinants errements précocaïnovores finissent de décourager à étiqueter dans le catalogue des plus belles pochettes d’album cette devanture vinylique (existe également en musicassette et cartouche 8-pistes). À la rigueur, on collerait bien ce Pin Ups dans les junkyards de pochettes pourraves qui fleurissent sur le net, dans les powerpoints obstruant nos boîtes mail et dans les rayons spécialisés des librairies musicales d'un caractère douteux.
 

Pouloulou c’que c’est laid !

Pourtant, les camarades savaient emballer un chouia plus subtilement cette même année, qui en de soyeuses ambiances érotoglam, qui par des artifices de séduction plus... comment dire... chaleureux.








Au moins, ça c'est de la Pin Up !




 

Dans le dedans de l’intérieur de cette pochette d'un goût venu des bordures extérieures de la galaxie, la galette, seul disque de Bowie cité par Manœuvre dans ses 100 meilleurs albums de tous les temps (que du bon qui s'annonce, donc) livre un collier de nouilles sonores pas forcément plus classieuses que ce que Claude Dauray (dirigeant en 1973 sous le nom de The Electronic's) ou Pierric/Janin balançaient à la même époque (ah, finalement, il semblerait que Manœuvre se soit gouré ou qu'il a tourné la langue 7 fois dans la bouche de Maneval ou je ne sais quelle raison mais en fait on s’en siphone les noyaux sérieusement grave).
Certes, la sélection bowesque tire plutôt vers d’anciens tubes, voire vers des titres plus obscurs, là où les compilateurs industriels enquillaient les meilleures ventes du dernier trimestre en une compilation prête à danser dont l’opportunité visait à refiler aux masses pécuniairement peu à leur avantage un ersatz des musiquettes qui affolaient les ondes périphériques à des fins de
trémoussage de fin de mariage et autres communions du p’tit Pascal dans l’arrière salle graisseuse du Relais Napoléon au carrefour de la RD 484 et du boulevard Thiers. Dans l’un et l’autre cas, on se retrouve quand même avec de belles bousasses côtoyant de rares pépites, le tout entrelardé façon oignons et poivrons flétris sur brochettes de cœurs de volailles par des morceaux originellement moyens interprétés moyennement.

Comment en est-on arrivé à une telle convergence vers la médiocrité alors que tout tendait vers une dissociation hyperbolique entre là les suceurs de succès de baloche de province et leurs livraisons saisonnières de reprises minables et ici l’étoile montante de la pop glamour en un projet alors encore inédit de revisitation intime d’inspirations juvéniles ? Parce que quand même, on ne mélange pas les tâcherons et les serviettes, a fortiori cuir pleine peau. Dans les quelques années précédant cet infâme et passable Pin Ups, Bowie avait produit une belle tripotée de bijoux, et était barré pour en éjaculer quelques autres bien de leur facture dans les ans suivants.

S’il suffisait de déterrer les pièces les plus rutilantes ou les plus chatoyantes du British boom et du Swinging London et de les réempaqueter façon Ziggy pour faire du Bowie authentique, on serait en heur de s’interroger sur le si peu de succès que connut Mungo Jerry. Nan nan nan, est une imposture prétentieuse, principalement gerbable pour son caractère d’imposture puisque cette édition n’est pas à la hauteur de ses prétentions.
Bon, afin de ne pas faire exactement comme les originaux, on reconnaîtra quelques innovations dans l’interprétation, dans le recalibrage, dans le rythme voire dans
la répartition retravaillée des refrains, chorus et divers breaks dont il est fait ici un usage intempestif. Pourtant, l’ensemble ressemble à tant d’albums de glamrock où l’on a l’impression que chaque passage est génial mais dont la durée sur des minutes de chansons et sur des dizaines de minutes d’un album font passer le moindre des concerts de reggae pour une plongée dans le meilleur de Sonic Youth et de Pavement réunis. Sévèrement maquillés pire que des bagnoles en refourgue, le grimage des morceaux de Pin Ups rappelle sa pochette : on voit bien qui c’est, mais le résultat est ridiculement laid. Les artifices les plus vulgaires et attendus de l’époque sont usés et abusés : des roulements de batterie en retenue ou en accélération omniprésents, des clapotis de piano par-ci par-là qu’on dirait que le mec il veut à tout prix faire comme Mike Garson (le problème étant que c’est Mike Garson), des bouts de chœurs balancés comme des cuivres du pauvre à tout bout de champ pour faire monter la sauce quand la voix s’étiole, un saxophone immonde en beta-testing des 80’z, la rythmique grattée comme dans un groupe de skiffle de la banlieue de Sheffield par un mec qui ferait mieux de s’inspirer de Mick Ronson (le problème étant que c’est Mick Ronson), une production volontairement hachée pour faire rock’n’roll, et des morceaux heureusement assez courts mais malheureusement trop courts pour y développer une ambiance Zigguienne, enfin bon, la totale qui ne rend utile ce disque que pour celui qui recherche un condensé des tics les plus grotesques du glam. Pasque bon, si Ziggy s’était officiellement retiré des voitures depuis quelques mois, l’année 1973 le voyait omniprésent dans la production de Bowie, pour le meilleur (Alladin sane, où tout n’est que Stardust, de la pochette aux chansons jusqu’au flux tourneboulant de deux faces qui laissent sans souffle) comme le pire (toute la belle équipe est là pour ce piteux Pin Ups, c’est à n’y rien comprendre).

 
 


« Et les morceaux ? » me direz-vous (si si, je vous entends). Eh bé, ce n’était pas la peine pour les ayant droits d’en autoriser la reprise si c’est pour contempler de tels choix trop disharmonieux pour faire un ensemble cohérent, et trop semblables pour en magnifier les précieux caractères originels.
Même cette grande fofolle de Daltrey, dont les années 70 ont été un grand toboggan de descente en caraco à franges décolleté jusqu’au gland vers les tréfonds de la vulgarité massacrant les plus beaux joyaux commis par les qui-vous-savez au mitan des années 60, même le papa à Freddy, donc, a du avaler de traviole son bol d’amphéts en découvrant la double baston infligée à
I can’t explain
puis Anyway, anyhow, anywhere, petits brûlots d’époque ici traités par la bande à Bowie façon américain-pâté-sauce cocktail, le rototo final obligé même pas sur option. Pire : les compos des gloires du Garage sont jouées baroques, comme si les Kinks ou les Pretty Things étaient plus sexy en collant lamé argent. Them et les Yardbirds ont perdu toute once de blues dans un vague rock twisté (mon dieu, Shapes of things !). Il n’y a guère que le Pink Floyd de Syd Barrett pour bénéficier d’un traitement légèrement différencié, un peu plus inspiré et allongé façon 4 premiers albums, mais malheureusement façonné comme une caricature de psychédélisme pour maison de retraite (Jean Nohain devait être en cabine ce jour-là). Quand je vois Émily jouée ainsi, j’en viens à regretter qu’elle ne mourut pas dans l’anonymat en 67.
 




Brefle, on ne va pas se faire frire le slip au court bouillon plus que ça en dévidant chaque chanson en un chapelet de désespérance pour se recentrer sur l’objet principal de ce disque que nous éviterons de qualifier d’album et s'interroger légitimement :
pourquoi ?
Mais pour le flouze voyons ! comme Mario Cavallero et ses éditeurs, comme toutes les maisons de disque de seconde zone qui depuis 20 ans déjà et pour encore de nombreux lustres avaient déjà apprécié vivement ce qui nous désole tant ces dernières années : mieux vaut pomper les créations des autres et les rejouer le plus vulgairement possible que de se casser l’oignon à cuisiner d'originaux Space Oddity et autres Hunky Dory : on en vendra autant. 

Parfois plus, même.

 

Mais ça, évidemment, personne n’ose le dire.



 


PS : D'aucuns se questionneraient sur la présence incongrue de L'homme qui venait d'ailleurs au milieu de la crème de la production discographique septantienne, et ils auraient bien raison, jusqu'à déflorer le pot aux roses d'un Bowie Blog Tour 2009 des plus bling bling

 

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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 00:10




Atteution : la version normale du présent billet est risquée pour les épileptiques, alcooliques, enfants de moins de 36 mois et autres grognons qui flippent leur race en zieutant des images qui bougent trop vite.

Pour la version statique de ce billet, vous pouvez aller . 



Ils ont du bien torturer les fourmis quand ils étaient tout petits, les Mengele de l’indie pop, pour arriver si jeunes au paroxysme du sadisme musico-traumatique. OK Computer fut savamment élaboré comme instrument de ravage des esprits des petits-bourgeois occidentaux, présensibilisés à jouir dans l’agonie émotionnelle de mélopées neurasthénésiantes et suicidogènes. Plus cyniques et intelligents que ce que le wakenwo avait pu offrir jusques céans, Pink Floyd, Talking Heads, Lou Reed et autres Joe Jackson réunis, Radiohead est le nom de ce gang bien rodé pour découper avec délectation sur leur planche de boucher avec leur couteau à tartare les nerfs et âmes de leurs foules fanatisées et en tirer tous les fruits qu’un authentique groupe de rock peut espérer : puissance, dévotion, gloire. Et plein de flouze.


Oui bon d’accord, cet album n’est pas mauvais, loin de là. Ce n’est pas la question d’ailleurs, si ce n’est que, par des artifices émotionnels bien calibrés, la critique et le public perdent toute distance pour replacer cette musique pour ce qu’elle vaut : une collection de ballades geignardes et de rocks un peu énervés, entrelardés de langueurs mollassonnes propices à l’évasion lacrymale ou plus, selon qu’on aura pris en excès comme il se doit les doses requises de valium, binouze ou colle à PVC, selon arrivage. Écouté à jeun et si on n’a pas de problème au boulot, avec sa mère, sa banque, sa moitié et sa bagnole (ce qui n’est pas le plus évident du monde, c’est bien là la ficelle), OK Computer révèle sa tendance à enquiller les jérémiades en un chapelet spécifiquement peu primesautier. À croire qu’ils l’ont fait exprès. D’ailleurs : ils l’ont fait exprès.


Reprenons vaguement par le début. Objectivons. Analysons, décortiquons, disséquons, autopsions. Sortons du pathos et du plan market’ qui nous a mis dedans. Les idées froides, la tête à l’ombre, les pieds au soleil. L’album a été conçu assez tardivement dans les années 1990, à une époque où papes du trip-hop et autres cadors de la production hyper-léchée avaient su reprendre et parachever le labeur inachevé de la cold-wave des 80’s : faire chialer pour rendre dépendant, rendre dépendant pour obtenir pouvoir et subsides. Bon, dit comme ça, cela fait un peu parano et caricatural, mais si on garde les grands principes et qu’on se replonge dans la construction de l’album par les 5 intellos d’Oxford, ça paraît déjà nettement plus effrayant de calcul.
Ainsi, l’attaque du cédé (Airbag) a été conçue pour "faire du DJ Shadow", si on en croit difficilement nos oreilles et plus facilement les aveux que firent nos loustics. Le premier single et deuxième morceau, c’est tout pire encore plus :  Paranoid Android est une resucée du principe de Happiness is a warm gun, où Lennon avait composé d’abord 3 morceaux, puis les avait accolés pour faire une pièce complexe en trois actes. Let Down fut conçu pour finir "à la Portishead". usw. Plus généralement, sur Paranoid Android comme sur la plupart des autres chansons, les Radiohead ont expliqué diversement mais avec le même fil rouge qu’ils souhaitaient refaire un truc à la Abbey Road, le dithyrambique dernier album enregistré par les Beatles, dans les studios londoniens d’Abbey Road, justement là où nos 5 fripouilles avaient décidé de parachever les enregistrements des bricolages pondus dans leur studio d’Oxford.

Oh, on dira aussi bien souvent qu’il y a justement dans ce très étiré Paranoid Android un quelque chose de Bohemian Rhapsody. La facilité journalistique est à cet égard assez réjouissante pour qui souhaite se réconforter en démontrant qu’un appointé officiel peut raconter des bateaux aussi gros qu’un blogueur amateur. Parce que bon, faut quand même pas pousser mémé dans les orteils, la longueur et le foutraquisme de pièces pseudo baroques ne sauraient à elles seules justifier cette assertion. Celle-ci permet surtout de glisser incidemment, nonobstant et en loucedé que c’est grâce au subtilissime gratteux de Queen, Brian May, que Thom Yorke a décidé de devenir la plus grande rock star du monde, comme ce petit prétentieux aimait déjà à le narrer à ses acolytes de cours d’écoles qui faisaient bien alors de lui foutre des roustes dans sa petite trogne d’oiseau battu. De toute façon, il avait déjà un nœnœil crevé, ça rajoutera à son image de marque de rat écorché évadé d’un labo de manipulations neuropsychiatriques. Tout bénef.



Figure B : "Quoi ma gueule ?" (variation par Jean-Claude Goldberg). Photo Vidal-Lablache
 

Thom Yorke, justement, et son triple mobile : l’apparente rancœur d’un physique faussement disgracieux (Jouvet, Simon et Gainsbourg nous avaient joué la même serinette, et ils savaient tout aussi bien emballer ; y a quand même pas que des Damon dans la vie, faut sortir les mecs (quand je dis les mecs, j’embrasse aussi les filles hein)), le cerveau d’un médaillé Fields, tout ça couplé à la sagacité créatrice d’un Wolfgang Amadeus M. Et vas y que je te construis un beau mythe propre à justifier toutes les démarches un peu hors des voies traditionnelles des groupes de rock même un peu subtils. On fera ainsi passer la pillule d’albums hyper-produits (ah : Nigel Godrich... fils illégitime de Phil Spector et Bob Ezrin, pluggé avec un peu de la moelle épinière de Brian Eno) et de ces multiples messages ésotériques propres à faire accroire du moindre paragraphe de Bernard Werber qu'il est bon pour l’Encyclopædia Universalis. Et que je te balance des références au Guide de l’auto-stoppeur galactique, à la chance de ne pas crever dans un accident de voiture grâce à des airbags potentiels, aux voyages d’infraterrestres depuis les dylannesques profondeurs de notre planète, à ces yeux brûlants qui vous regardent dormir à travers vos vitres parce que vous avez oublié de tirer les rideaux mais heureusement que vous avez un bouton d'alarme, à des robots paranoïaques, à une Sarah qu'on invite à me tuer et autres police karmique... Ron Hubbard, réveille-toi : ils sont devenus fous !

On aurait bien tort de mésestimer ces raisons fallacieuses mythifiant Yorke, son cerveau, sa vie difficile, son charisme de télévendeur d’aspirateurs de table et ses 4 poteaux boutonneux, parce qu’elles sont la clé de voûte et la pierre angulaire de l’édifice de la carrière du groupe, OK Computer posé comme la construction emblématique des plus juteuses et des plus explicites.
N’hésitons pas à jeter de côté les apparentes nouveautés de l'album, et replongeons-y pour en exhumer la discographie finissante déjà citée des Beatles, les concept albums lénifiants des grands de la progressive que furent Pink Floyd ou Genesis, les bidouillages au cœur des parcours scolaires des producteurs les plus émérites, les disques des pontes de l'electro down-tempo : c’est que du pareil ! Ils ont tout pompé, les sagouins ! De beaux copier-coller, avec même certaines phrases musicales tellement proches (merci Sexy Sadie) que c’en est chelou grave de chez groove.

Plus généralement, c’est l’esprit maléfique de rockers qui ont oublié d’être cons et qui planifient avant leurs albums tels les Patton des charts indés. Pas un poil d’impréparation. Tout ce qui n’a pas été prévu explicitement a été préconditionné par la construction laborantine des conditions optimales, chaque ingrédient posé préalablement sur la paillasse pour que l’alchimie soit au mieux contrôlée, calibrée. Pas d’énervement ni de prises de son en une seule fois : on écrit, on discute, on bavasse, on trace les plans de l’album sur Autocad, on gère le timing et les ressources sur SAP. La méthodologie de projet a trouvé ses maîtres, et les ingénieurs de chez Toyota peuvent remballer leurs 6 sigma et autres total quality managing process. Radiohead pond des albums comme on lance des "innovations" technologiques chez Procter & Gamble : on pique les meilleures molécules existantes, on fignole un super packaging flashy et on alloue un budget com’  pour le lancement digne du PIB des Hauts-de-Seine.


Pas de surprises donc de se retrouver avec des chansons taillées au cordeau sur des mélodies somme toute assez pauvrettes. Aucun étonnement que des cinéastes aussi fins, subtiles et dentelliers que Cédric Klapish priment un No surprises (voir notre vidéo clup ci-dessus, fig. B) et autres OK computeries pour émailler les instants pleurnichards de ses films pour adulescents. Point de révélation que cet album ne fut scientifiquement conçu pour produire autre chose que ce qu’il devait produire.
Le titre de l'album lui-même, semi aveu de l’importance de l’ordinateur, le finale de Let Down dont les bilibilip furent tirés du Sinclair ZX Spectrum que tout nerd bien formé chérit dans son cœur, ou encore la trop évidente liste postmoderne Fitter happier paresseusement récitée non par Stephen Hawking mais via Mackintalk, robot de synthèse vocale dont abusent depuis 15 ans tous les nouveaux possesseurs de  pendant la première semaine de leur acquisition, puis passent à autre chose, on va pas en rester là, quand même. Belle hypocrisie d’ailleurs que de se gausser de Bill Gates, les Radiohead n’étant pas beaucoup moins carriéristes et calculateurs que celui qu’ils cherchent à diaboliser (remarque, c’était légèrement plus courageux que de taper dans le même album sur des politiques déjà retirés des ouatures en 97, Thatcher et autres Major dénoncés au fil des Electioneering et autres occurrences et messages cachés au fil de l’album fourre-tout). 

 

 


On ne va pas éplucher tout l’album, ce serait lourdingue et d’autres savent le faire avec autrement plus de talent et d’à-propos. Reste donc cette tonalité générale de s’être fait avoir mais d’y prendre son pied, consentantes victimes du machiavélisme de ce hold-up émotionnel à peine moins grossier qu'un Von Trier ou un Almodovar. Une bonne chialade, une simili-dépression, un quasi nervousse bréquedone : voilà ce qu’on recherche à l’écoute d’OK Computer. Pas besoin de faire croire par dessus le marché que ce disque est génial. Il est efficace, ni pu ni moins.
 

 

Mais ça, bien évidemment, personne n’ose le dire.

 
La note :  B'en, pour vous faire plaisir...
 

La raison de cette chronique moins Pop Hits que Top of the flops ? Z'avez qu'à suivre le lien et vous informer sur d'autres révélations exclusives et brillantes sur la vérité vraie des baudruches musicales qu'on veut nous faire prendre pour des carrosses.

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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 00:04


Pour la version normale de ce billet, vous pouvez aller . Atteution : la version normale est risquée pour les épileptiques, alcooliques, enfants de moins de 36 mois et autres grognons qui flippent leur race en zieutant des images qui bougent trop vite.



Ils ont du bien torturer les fourmis quand ils étaient tout petits, les Mengele de l’indie pop, pour arriver si jeunes au paroxysme du sadisme musico-traumatique. OK Computer fut savamment élaboré comme instrument de ravage des esprits des petits-bourgeois occidentaux, présensibilisés à jouir dans l’agonie émotionnelle de mélopées neurasthénésiantes et suicidogènes. Plus cyniques et intelligents que ce que le wakenwo avait pu offrir jusques céans, Pink Floyd, Talking Heads, Lou Reed et autres Joe Jackson réunis, Radiohead est le nom de ce gang bien rodé pour découper avec délectation sur leur planche de boucher avec leur couteau à tartare les nerfs et âmes de leurs foules fanatisées et en tirer tous les fruits qu’un authentique groupe de rock peut espérer : puissance, dévotion, gloire. Et plein de flouze.


Oui bon d’accord, cet album n’est pas mauvais, loin de là. Ce n’est pas la question d’ailleurs, si ce n’est que, par des artifices émotionnels bien calibrés, la critique et le public perdent toute distance pour replacer cette musique pour ce qu’elle vaut : une collection de ballades geignardes et de rocks un peu énervés, entrelardés de langueurs mollassonnes propices à l’évasion lacrymale ou plus, selon qu’on aura pris en excès comme il se doit les doses requises de valium, binouze ou colle à PVC, selon arrivage. Écouté à jeun et si on n’a pas de problème au boulot, avec sa mère, sa banque, sa moitié et sa bagnole (ce qui n’est pas le plus évident du monde, c’est bien là la ficelle), OK Computer révèle sa tendance à enquiller les jérémiades en un chapelet spécifiquement peu primesautier. À croire qu’ils l’ont fait exprès. D’ailleurs : ils l’ont fait exprès.


Reprenons vaguement par le début. Objectivons. Analysons, décortiquons, disséquons, autopsions. Sortons du pathos et du plan market’ qui nous a mis dedans. Les idées froides, la tête à l’ombre, les pieds au soleil. L’album a été conçu assez tardivement dans les années 1990, à une époque où papes du trip-hop et autres cadors de la production hyper-léchée avaient su reprendre et parachever le labeur inachevé de la cold-wave des 80’s : faire chialer pour rendre dépendant, rendre dépendant pour obtenir pouvoir et subsides. Bon, dit comme ça, cela fait un peu parano et caricatural, mais si on garde les grands principes et qu’on se replonge dans la construction de l’album par les 5 intellos d’Oxford, ça paraît déjà nettement plus effrayant de calcul.
Ainsi, l’attaque du cédé (Airbag) a été conçue pour "faire du DJ Shadow", si on en croit difficilement nos oreilles et plus facilement les aveux que firent nos loustics. Le premier single et deuxième morceau, c’est tout pire encore plus :  Paranoid Android est une resucée du principe de Happiness is a warm gun, où Lennon avait composé d’abord 3 morceaux, puis les avait accolés pour faire une pièce complexe en trois actes. Let Down fut conçu pour finir "à la Portishead". usw. Plus généralement, sur Paranoid Android comme sur la plupart des autres chansons, les Radiohead ont expliqué diversement mais avec le même fil rouge qu’ils souhaitaient refaire un truc à la Abbey Road, le dithyrambique dernier album enregistré par les Beatles, dans les studios londoniens d’Abbey Road, justement là où nos 5 fripouilles avaient décidé de parachever les enregistrements des bricolages pondus dans leur studio d’Oxford.

Oh, on dira aussi bien souvent qu’il y a justement dans ce très étiré Paranoid Android un quelque chose de Bohemian Rhapsody. La facilité journalistique est à cet égard assez réjouissante pour qui souhaite se réconforter en démontrant qu’un appointé officiel peut raconter des bateaux aussi gros qu’un blogueur amateur. Parce que bon, faut quand même pas pousser mémé dans les orteils, la longueur et le foutraquisme de pièces pseudo baroques ne sauraient à elles seules justifier cette assertion. Celle-ci permet surtout de glisser incidemment, nonobstant et en loucedé que c’est grâce au subtilissime gratteux de Queen, Brian May, que Thom Yorke a décidé de devenir la plus grande rock star du monde, comme ce petit prétentieux aimait déjà à le narrer à ses acolytes de cours d’écoles qui faisaient bien alors de lui foutre des roustes dans sa petite trogne d’oiseau battu. De toute façon, il avait déjà un nœnœil crevé, ça rajoutera à son image de marque de rat écorché évadé d’un labo de manipulations neuropsychiatriques. Tout bénef.



Figure B : "Quoi ma gueule ?" (variation par Jean-Claude Goldberg). Photo Vidal-Lablache
 

Thom Yorke, justement, et son triple mobile : l’apparente rancœur d’un physique faussement disgracieux (Jouvet, Simon et Gainsbourg nous avaient joué la même serinette, et ils savaient tout aussi bien emballer ; y a quand même pas que des Damon dans la vie, faut sortir les mecs (quand je dis les mecs, j’embrasse aussi les filles hein)), le cerveau d’un médaillé Fields, tout ça couplé à la sagacité créatrice d’un Wolfgang Amadeus M. Et vas y que je te construis un beau mythe propre à justifier toutes les démarches un peu hors des voies traditionnelles des groupes de rock même un peu subtils. On fera ainsi passer la pillule d’albums hyper-produits (ah : Nigel Godrich... fils illégitime de Phil Spector et Bob Ezrin, pluggé avec un peu de la moelle épinière de Brian Eno) et de ces multiples messages ésotériques propres à faire accroire du moindre paragraphe de Bernard Werber qu'il est bon pour l’Encyclopædia Universalis. Et que je te balance des références au Guide de l’auto-stoppeur galactique, à la chance de ne pas crever dans un accident de voiture grâce à des airbags potentiels, aux voyages d’infraterrestres depuis les dylannesques profondeurs de notre planète, à ces yeux brûlants qui vous regardent dormir à travers vos vitres parce que vous avez oublié de tirer les rideaux mais heureusement que vous avez un bouton d'alarme, à des robots paranoïaques, à une Sarah qu'on invite à me tuer et autres police karmique... Ron Hubbard, réveille-toi : ils sont devenus fous !

On aurait bien tort de mésestimer ces raisons fallacieuses mythifiant Yorke, son cerveau, sa vie difficile, son charisme de télévendeur d’aspirateurs de table et ses 4 poteaux boutonneux, parce qu’elles sont la clé de voûte et la pierre angulaire de l’édifice de la carrière du groupe, OK Computer posé comme la construction emblématique des plus juteuses et des plus explicites.
N’hésitons pas à jeter de côté les apparentes nouveautés de l'album, et replongeons-y pour en exhumer la discographie finissante déjà citée des Beatles, les concept albums lénifiants des grands de la progressive que furent Pink Floyd ou Genesis, les bidouillages au cœur des parcours scolaires des producteurs les plus émérites, les disques des pontes de l'electro down-tempo : c’est que du pareil ! Ils ont tout pompé, les sagouins ! De beaux copier-coller, avec même certaines phrases musicales tellement proches (merci Sexy Sadie) que c’en est chelou grave de chez groove.

Plus généralement, c’est l’esprit maléfique de rockers qui ont oublié d’être cons et qui planifient avant leurs albums tels les Patton des charts indés. Pas un poil d’impréparation. Tout ce qui n’a pas été prévu explicitement a été préconditionné par la construction laborantine des conditions optimales, chaque ingrédient posé préalablement sur la paillasse pour que l’alchimie soit au mieux contrôlée, calibrée. Pas d’énervement ni de prises de son en une seule fois : on écrit, on discute, on bavasse, on trace les plans de l’album sur Autocad, on gère le timing et les ressources sur SAP. La méthodologie de projet a trouvé ses maîtres, et les ingénieurs de chez Toyota peuvent remballer leurs 6 sigma et autres total quality managing process. Radiohead pond des albums comme on lance des "innovations" technologiques chez Procter & Gamble : on pique les meilleures molécules existantes, on fignole un super packaging flashy et on alloue un budget com’  pour le lancement digne du PIB des Hauts-de-Seine.


Pas de surprises donc de se retrouver avec des chansons taillées au cordeau sur des mélodies somme toute assez pauvrettes. Aucun étonnement que des cinéastes aussi fins, subtiles et dentelliers que Cédric Klapish priment un No surprises (voir notre vidéo clup ci-dessus, fig. B) et autres OK computeries pour émailler les instants pleurnichards de ses films pour adulescents. Point de révélation que cet album ne fut scientifiquement conçu pour produire autre chose que ce qu’il devait produire.
Le titre de l'album lui-même, semi aveu de l’importance de l’ordinateur, le finale de Let Down dont les bilibilip furent tirés du Sinclair ZX Spectrum que tout nerd bien formé chérit dans son cœur, ou encore la trop évidente liste postmoderne Fitter happier paresseusement récitée non par Stephen Hawking mais via Mackintalk, robot de synthèse vocale dont abusent depuis 15 ans tous les nouveaux possesseurs de  pendant la première semaine de leur acquisition, puis passent à autre chose, on va pas en rester là, quand même. Belle hypocrisie d’ailleurs que de se gausser de Bill Gates, les Radiohead n’étant pas beaucoup moins carriéristes et calculateurs que celui qu’ils cherchent à diaboliser (remarque, c’était légèrement plus courageux que de taper dans le même album sur des politiques déjà retirés des ouatures en 97, Thatcher et autres Major dénoncés au fil des Electioneering et autres occurrences et messages cachés au fil de l’album fourre-tout). 

 

 


On ne va pas éplucher tout l’album, ce serait lourdingue et d’autres savent le faire avec autrement plus de talent et d’à-propos. Reste donc cette tonalité générale de s’être fait avoir mais d’y prendre son pied, consentantes victimes du machiavélisme de ce hold-up émotionnel à peine moins grossier qu'un Von Trier ou un Almodovar. Une bonne chialade, une simili-dépression, un quasi nervousse bréquedone : voilà ce qu’on recherche à l’écoute d’OK Computer. Pas besoin de faire croire par dessus le marché que ce disque est génial. Il est efficace, ni pu ni moins.
 

 

Mais ça, bien évidemment, personne n’ose le dire.

 
La note :  B'en, pour vous faire plaisir...
 

La raison de cette chronique moins Pop Hits que Top of the flops ? Z'avez qu'à suivre le lien et vous informer sur d'autres révélations exclusives et brillantes sur la vérité vraie des baudruches musicales qu'on veut nous faire prendre pour des carrosses.

Pour commenter, merci d'utiliser la version normale de ce billet, vous pouvez aller 

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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 08:00
Lire aussi ici.

Une guitare folk, un auditoire béat de Fnac de province, un cardigan jacquard col V : la Duteil attitude offre aux rock stars les plus bruyantes comme aux moins rebelles les outils idoines pour faire chialer sa mère même le premier nazi venu. Alors faire chouiner des plèbes grungeasses post-pubères occidentales, pensez donc ! C'est le Super banco, la prime de Noël et le cul de la crémière en bonus, les couilles en or serties d'une couronne de Youkounkouns 24 carats de quoi se les dorer thermostat 32° pour le restant de ses jours à Bora-Bora ou Pontaut-Combault. Sauf si on choisit l'option .22 long riffle dans le citron, ce qui gâche un tantinet le plan épargne retraite avant terme.

Brefle : Nirvana, qui avait su ripoliner avec talent Guns & Roses à la glycéro Pixies coupée My Bloody Valentine, a suspendu son chantier de forage in-shore à la super-drill 24 tonnes dans les esgourdes de la planète préadulte en se la jouant Vincent Delerm avant l'heure. Euh, Delerm, mais avec des guitares quand même. Débranchées, certes, mais des guitares (d'ailleurs, du piano unplugged, c'est moyennement trippant : on dirait du Clayderman ou du Glenn Gould).

Pourtant, ce sont de bons bougres les Nirvana : de la sueur, des cris, des riffs bien gras, une rythmique faisant passer des schnarpels serbes pour un paquet de shamallows, et des putains de bons albums d'un rock électrique et tripppier dont la furie des concerts donnait davantage dans l'éclosion des pop corns au cœur du Vésuve qu'à une surboum de collégiennes taïwannaises, fusse-t-elle animée par Tokio Hotel et David Guetta réunis. Pas toujours original, certes, mais le plus souvent sincère et sans graves compromissions, le métal de Nirvana, autrement dénommé "grunge" par les marketteux de Geffen - Sub Pop et les abonnés à Best, était une soudaine fontaine de Jouvence (je te raconte pas le nectar qu'ils ont balancé tout d'un coup sur les ondes FM : ils ont du arrêter la production, ça rendait sourd) après une décennie de saxophone, de DX7 et de solos de guitare supersoniques. A trois, les zozos du Pacifique septentrional états-unien (de Seattle quoi) foutaient un barouf suffisamment urticant pour que les artys nouillorquais de Sonic Youth découvrent subitement qu'ils étaient déjà devenus de vieux croûtons du wakenwo.

Alors, avec un tel pédigrée à faire pâlir Blue Oyster Cult et Bernie Bonvoisin, que sont-ils allés se faire enregistrer sur un dictaphone de mauvaises démos dans le cadre d'une émission transgénérationnelle d'une chaîne thématique du câble planétaire, abandonnant à leur cave humide leurs Marshall 200 W, distors', noise gate et autres trash master en rack pour de pathétiques gratouillis carlabrunesques incapables de dépasser le 15 dB.

Et si ce n'était que le volume : mais le rythme aussi ! Quelle mollesse, mais quelle mollesse (passe moi Boudoni, passe-moi Boudoni) ! Comment ces pyromanes patentés ont-ils pu sombrer dans une telle neurasthénie sonore ? (pour la neurasthénie mentale, on a la réponse, pas besoin d'envoyer des SMS svp merci). C'est si flasque que même un épileptique n'arriverait pas à headbanguer sur le moindre morceau, fût-il parkinsonnien.
Ce qu'on y gagne en évitant les incontournables slows-de-la-mort-qui-tue avec guitare plaintive et voix childintimesque obligatoire pour tout album de hard-rock des années 80, on le perd dans la durée de tout un album de bluettes fadasses à peine bonnes à faire dodeliner de l'occiput un troupeau de majorettes démobilisées. Y a de quoi regretter les 3'40 de Still loving you.

Parce qu'enfin : tout ça pour quoi, alors ? B'en pour emballer les gonzesses, et partant pour se la jouer ensuite beau comme Crésus. Eh bé ui, faut pas croire : dégainer comme ça la guitare-à-pécho© et en tartiner une pleine galette sous la forme d'un didacticiel pédagogique audiovisuel pour rouler des galoches à sa voisine en 7 minutes chrono, avec prétexte culturel façon La guitare à Dadi et bonus multimédia (parce que ce n'est pas qu'un disque, mais aussi une vidéo), ça le fait pas rebelle, mais golden boy, alors là, escusez du pneu ! De quoi se tirer une balle dans la tête (oups, désolé).
Le business plan du Unplugged in NY est à cet égard bien troussé, avec la première larme qui soulève les foules et le deuxième effet kiss cool qui ramasse la monnaie (en avant la zizique, et par ici les gros sous comme disait l'autre). 

Phase 1, tu cibles les gamines (approximativement les lycéennes mais des étudiantes en fac ou des jeunes capessiennes feront aussi très bien l'affaire). Tu te loques avec un vieux gilet pourrave mais quand même en mohair, tu te laves les cheveux pour une fois (pas trop fort tout de même), tu les coiffes avec le fer à repasser de ta mômon, tu demandes à tes potes de la mettre un peu en veilleuse côté rythmique sinon on ne s'entend plus se ronger les ongles, tu allumes quelques bougies parfumées chopées à Nature & Découvertes et tu convies quelques auditeurs d'une station FM de province, le tout dans un vieux hangar retapé qu'on appellera loft. On appuie sur Rec, et vas-y comme je te lève de la poulette en susurrant avec plein de fausses notes des tueries du rock passées au Tranxène et au rouleau compresseur, rectifiées à la Cajoline, en n'omettant pas de temps à autres de te remettre tes mèches propres de l'autre côté du crâne par un gracieux jeté arrière de la nuque, dévoilant dans le même mouvement tes yeux de jade et ton sourire enjoleur bordé du fin duvet d'une barbichette entretenue à la Remington sabot 7mm, celui qui donne un effet "rasage de 3 jours" garanti. Et là, les meufs, elles baaaaaaavent.

Et elles achètent ton disque.

Pour les mecs, ce n'est pas plus difficile : tu gardes la phase 1 (allumage de midinette) et tu fais croire aux grands nigauds qu'ils sont capables d'en faire autant. D'où l'intérêt de rendre ta musique et son interprétation les plus abordables possibles, afin qu'elles puissent être imitées avec pas beaucoup plus de talent qu'un ado pour faire vrombir sa 103 SP (ça marche aussi avec un scotaire, une Ibiza TDi ou un tourniquet de métro, selon le profil socio-économique dudit ado). Tu simplifies à l'extrême les riffs déjà basiques de tes chansons, jusqu'à faire de Come as you are le Jeux interdits de la fin de siècle. Tu te permets même de chanter mal (Oh mon dieu, le massacre de Cobain sur Pennyroyal Tea ou sur Lake of fire, j'ai l'impression d'un candidat à la Nouvelle star) et de foirer au moins 4 accords par chanson :
1° tu paraîtras plus humain ;
2° tu décomplexeras ta cible masculine, qui se rêvera alors tout éveillé comme le rival d'une des plus grandes rock stars, et qui te vouera alors reconnaissance éternelle (d'où nouvelles pépettes in your pocket : puisqu'on te dit que c'est Las Vegas !).

Démonstration :


Et voilà, c'est tout.

Bon, comme ça leur a quand même un peu foutu la honte aux Nirvana de jouer comme des lavettes, ils ont fait gober qu'ils allaient rendre de super hommages à de super artistes (la plupart super pas connus d'ailleurs), ce qui leur a évité de ringardiser une part trop significative de leur répertoire alors encore étique (3 vrais albums au compteur, plus les fonds de tiroir à venir dignes des soldes chez Kiabi).
Ce ne sont pas les Meat Puppets et autres Vaselines (sans déc', c'est leur nom) qui allaient cracher sur les royalties (quelques penny...). En revanche, le pépère Bowie a été salement contrit, pour ainsi dire vexé comme
un pou, par la reprise de The man who sold the world, humilié par la transmutation de ce morceau de fond d'album (même s'il en donna le titre) en un tube imparable (en même temps qu'en une compote mollement sucrée ingurgitable dans n'importe quel menu Best of par tout ce que la galaxie compte de suicidiaires, d'adulescents mal déniaisés et de centristes du Modem).

Pour égayer la prestation télévisuelle de ce vague trio semi-acoustique, nos graisseux sortis tout propres du pressing ont convié ici un violoncelle pour faire roots et solennel, là un harmonium bandonéique pour sonner bohème et cocasse (Novoselic a ramassé cet accordéon d'études désaccordé dans un vide-grenier roumain ou quoi ?), nous épargnant de justesse l'intégrale des instrus de Rémi Bricka en tranches pas trop fines. Le moment le plus gênant demeure l'incursion country-folk de Plateau : n'est pas Neil Young qui veut (surtout quand on singe les tics vocaux de Dolly Parton).

Bon, ceci dit, on se demande si nos hardos (b'en ui, ils sont quand même de la même veine que les Led Zep, QOTSA et autres Europe, non ?) n'ont pas plombé (re-oups, re-désolé) leur production impeccable (bien que dénigrée par quelque béotien en manque de goût musical criant) avec cette incartade emmetivienne un peu neuneu (Remarque : même les Beatles se sont fait eu par le petit écran, leur Magical mystery tour étant au moins aussi pathétique, bien que plus rigolo toutefois).

La réponse est sans hésitation affirmative : le métal, c'est du bruit, du bruit, du bruit. Éventuellement avec un orchestre symphonique. Mais d'abord et toujours plein de bruit, de la sueur, des jeans élastiques à grosses rayures noires et blanches, des solos TGV, des pieds de micro qui tombent et sont redressés par les roadies, des lance-flammes et des fumigènes. Du rock, quoi. Mais pas un ocarina et deux folks d'occas' gratouillées avec une chouette bande de copains en cardigan lors d'une veillée de Pâques au patronnage de Sainte-Courtney-les-Bisounours.

Non, là : ça craint.

Mais ça, bien évidemment, personne n'ose le dire.



La note :  Ah ouais, d'accord...
 

La raison de cette chronique moins Pop Hits que Top of the flops ? Z'avez qu'à suivre le lien et vous informer sur d'autres révélations exclusives et brillantes sur la vérité vraie des baudruches musicales qu'on veut nous faire prendre pour des carrosses.



 
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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 19:00
Faire toaster avec classe Jimmy Cliff sur du Jean-Michel Jarre, c'est l'avantage concurrentiel que les bristoliens de Massive Attack possèdent sur le reste de la scène électro anglo-continentale. Porte-étendards de ce que les journalistes de la Fnac et les auditeurs mayennais de Bernard Lenoir nomment le trip hop, le "groupe", tantôt trio, tantôt duo quand il ne se résume pas à une entreprise unipersonnelle, égrène ses productions de lustre en lustre, cultivant l'attente de ses fans pour mieux écouler les galettes rendues plus rares, à défaut d'être plus fraîches. 
Car enfin ! : pourquoi se gargariser de ces glauques et convenues compilations d'ambiances sonores pour galeries marchandes alors que ces bidouilleurs au charisme de pelleteuse agricole ne font que caresser dans le sens du poil l'atavisme cocoonier régressif de foules adulescentes en mal de morbidité synthétique et binaire pour rendre moins plates leurs invitations à l'apéro dînatoire de leurs voisins d'escalier dont ils espèrent, en de soyeuses convivialités d'immeubles de centre-villes, retisser le tissu social atomisé par l'individualisme grandissant d'une société en mal de repères identitaires. 

Massive Attack, donc. Y a pas mieux pour repartir à l'assaut d'une identité dissoute et rebâtir une grille culturelle commune, avec force volupté morbide d'une musique patchwork, collage de gommettes musicales chopées dans des vieilleries vinyliques provenant de Detroit, Kingston et Blackpool, catalogue post-moderne de références, enfilées en chapelets de petites madeleines de rock, pop et soul comme autant de validations de passages obligés d'une érudition musicologique subculturelle labellisée Wire et NME (alors qu'elles s'adressent surtout aux lecteurs de Roque et Floque). 

Comble de ce dandysme prozaquien que même cette loque de des Esseintes aurait compissé, Mezzanine dispute au roublard OK Computer le titre d' "album des années 90" par son enfilage au kilomètre et à la tonne de bravoures funèbres rythmées par un dub mollasson et assaisonnées d'échantillons périmés mais z-incontournables de nouwève dûment estampillée "atteution : morceau culte". Rompant avec la blue eyed soul honnête bien que peu originale de ses deux premiers albums et demi (et demi si l'on crédite le ramasse fric No Protection, compilation de remixes pour warm up de bar-mitzvah par le très scolaire Mad Professor), brefle, cherchant à renouveler sa machine à cash en anticipant sur l'annoncé revival cold wave qui n'allait alors tarder (on était en 98), les trois loustics ont gardé les mêmes recettes en les agrémentant de nouveaux condiments putassiers dont on peut faire une rapide visite guidée. 

Au chapitre du concept fort, marque déposée et procédé caractéristique de base permettant l'indexation facile pour analyses érudites de JT de chaînes hertziennes et autres conversations de BDE d'écoles de commerce, Massive (comme on dit dans notre jargon de technico-commerciaux de chez Canon) invite des beugleuses à la voix éthérée pour punaiser dans la stratosphère des mélodies sirupeuses que des infrabasses numériques tendent à riveter à la croûte terrestre dans un mouvement diamétralement inverse. Tiraillement auditif, dissociation phonique, brouillage des perceptions auriculaires (sans contrepèterie), ce décalage sensoriel génère un malaise interne, comme un mauvais jetlag, ou pire : comme un roulis persistant après le passage en bac de Douvres à Calais.
Le trouble est amplifié par la grâce angeline des stridulences d'une Liz Fraser échappée des Cocteau Twins empopisés ou d'un Horace Andy promenant sa voix de fausset sur des mélopées légèrement moins cannabiques qu'à son habitude, quoique. Ces voix féminines et tourneboulantes tendent à transporter l'auditeur dans un métamonde onirique où il appréciera la justesse des tweeters de ses enceintes B&O et
la suavité d'un splif de marocain de première bourre. Tels des Gainsbourg rosbifs, les Massive Attack font pousser jusque contre-uts quasi ultrasonores la crème des chanteuses-à-QI anglo-saxonnes, de Tracey Thorn (la chanteuse d'Everything but the girl, pas la hardeuse, voyons) à la très constante et jamais agaçante hystéro catho anti-papiste Sinead O'Connor. Remarque, il ne s'agit nullement d'une critique mal intentionnée mais d'un hommage à leur présence d'esprit, vu qu'ils chantent comme des Jean-Patrick Capdevielle mal dégrossis de leur dernière cuite à la Brains, les trois chimistes numériques de Massive Attack. 

Car oui, Mezzanine n'est pas uniquement cet attrape-couillon magique et vendeur à l'excès parce qu'il réunit de bonnes chanteuses en les faisant exécuter quelques pop songs potables catapultées par-delà les octaves depuis des nappes de synthé piquées à Tangerine Dream, cet album est avant tout l'édification professionnelle certifiée ISO 8004 d'une "charte de références à l'usage des producteurs de groupes d'électro et de rock européen", donnant les règles et les sources constituant le cahier des charges désormais obligatoire pour la production de tout album durant les années 2000. 

Côté sources, Mezzanine se garde bien de n'utiliser que des samples originaux (originaux dans le sens "provenant directement des artistes pompés", pas dans le sens "étonnants", vu que la réutilisation du gimmick sabbato-nocturne de Cure et d'autres micro-extraits de lieux-communs de la pop octante au fil des chansons de Mezzanine est plus qu'éculée (aucune contrepèterie non plus)). L'album revisite aussi, par des sonorités allitérantes bien qu'en plusieurs points distinctes des versions originales ici pillées, les plus grands succès des années 70 blaxploitatiques et les plus sûres sonorités post-punk des eighties anglaises, sans en reprendre exactement mélodies et harmonies (pour des raisons de droits d'auteur ? allez savoir), les épousant jusqu'aux moindres clichés pour produire au finale un disque qu'on a l'impression d'avoir entendu 10 000 fois ("Ah ouais, j'connais. Y sont super, faut que je les achète là") mais qui paraît d'une folle modernité ("Ouh la la ! ce que c'est moderne !"). 

Côté règles, rien de bien nouveau pour ceux qui ont du pognon pour se faire produire par une major, mais une nouvelle exigence pour tout un chacun (les fameux 80%) qui veut se la péter en sortant encore un album inutile dans le commerce et qui contribua notablement à la transformation du rock, hier humble composition de chansons avec une guitare, trois accords et deux litres de bière, aujourd'hui savante programmation de scripts Java avec force renforts de Coca-light et autres fonds d'écran Simpson (Homer ou Jessica, c'est selon) : une équipe de nerds bricole chez soi des loops et des samples ("Ouh la la ! ça aussi ça sonne moderne"), les glisse par mail au chef de projet multimédia qui les compile sur des sortes de Power-points sonores, reliftés par d'autres mecs encore pour ne pas faire crasher les ondes FM, pour finir de temps à autres en tête de gondole, le plus souvent en fonds de bacs, sous forme de cédés avec livret collector en une bouillie très onctueuse, ici une oppressante purée Mousline dont les morceaux de jambon auraient été remplacés par des vieux cafards pourris et dont on fera avec mélancolie un petit volcan pour mettre ses larmes dedans (faut qu'ça chiale, c'est du trip hop). 

On pourrait lire dans les lignes précédentes une certaine acrimonie narquoise devant ce procédé tiré du marketing sonore de la plus belle facture. Bah, laissons les fans éructer leur indignation bien légitime (car chacun sait qu'un fan d'électro est parfaitement incapable de tout jugement musical digne d'intérêt) puisqu'il n'en est rien : il s'agit ici d'une bêtasse description objective et démythifiée d'un album pas trop mal torché mais qui, à l'écoute de chacun de ses morceaux comme de son ensemble, ne fait finalement que s'attacher à tromper les sens des auditeurs en usant et abusant de sonorités et d'ambiances hyperémotives et vaguement mortifères. Il est vrai qu'il est toujours plus risqué d'offrir à son auditoire des musiques aux structures innovantes qui ouvriraient des portes à la création d'imaginaires fertiles et critiques plutôt que de leur balancer des excursions nostalgiques dans le top 20 des albums pour chaînes hi-fi, glauques bluettes flatteuses et confortables, rarement curieuses, jamais dérangeantes. 


Allez, faut-il conclure sans donner au moins quelque satisfecit à l'un ou l'autre des caractères notables de ce bricolage talentueux ? Un bon point pour le mixage ? Une breloque pour la délicatesse des drapés ? L'accolade pour un bon moment passé sur la route des RTT d'un mois de mai vers la Normandie à donf' sur le Blaupunkt de l'Ibiza Tdi ? Hm ? Nan. Que dalle ! Ce n'est pas parce que Mezzanine n'est pas mauvais qu'il est bon pour autant ; la filouterie de sa production de saurait faire oublier la banalité de ses chansons et la malhonnêteté de sa production markettée. 

Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.



La note :  M'ouais...
 


La raison de cette chronique moins Pop Hits que Top of the flops ? Z'avez qu'à suivre le lien et vous informer sur d'autres révélations exclusives et brillantes sur la vérité vraie des baudruches musicales qu'on veut nous faire prendre pour des carrosses.

 
 
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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 10:36
Le Jean Roucas du wakenwo hexagonal a décroché le Vermot d'or il y a bientôt deux lustres en jouant faussement au fantaisiste de garnisons. Fantaisie militaire donc, dont la presse a unanimé ses dithyrambes à l'agonie jusqu'à faire taire les rares gens de goût qu'on ne saurait tromper avec ce ramassis gélatineux d'ambiances mortifères emballant un baratinnage qu'icelui croit poétique alors qu'il est seulement le dégueulis d'un générateur automatique de traductions serbo-coréennes. Car enfin : on nous tartine du génie sensible où il n'y a qu'approximations du message, de la prose extatique là où les paroliers ont joué à qui mieux-mieux à un Pictionary verbal dont furent nuitamment glanées les fulgurances de réponses d'une vraisemblable troupe d'agrégés vaguement avinée au gigondas. Si ce n'est ça, c'est tout comme. 

Parce que franchement, quoi de jouissif de soigner les hommes à poigne, de soulager des patissières, èrent, èrent ? non mais je vous jure : plus pédant tu meurs. Certains morceaux sont de virtuoses et scolaires pérégrinations en de ribambellesques allitérations et autres exercices phonétiques de deuxième année de Lettres classiques. "Dresseur de loulous, dynamiteur d'aqueducs". M'ouais... "Beuh-a Bah Beuh-i Bih Beuh-o Boh" ânonne aussi fièrement le neveu de ma concierge découvrant la gaieté de la langue française dans son palais rebondissant. 

Pas une de la douzaine de chansons ne nous épargne de ces gavants calembours, téléphonés parfois, inattendus pour la plupart, ce qui ne les rend pas pour autant impérissables. "Ses congénères l'ont refroidie, ses congénères crient au génie" Les Villepin qui se croient Ponge ou Rimabud s'ébaubissent sur ce "crient au génie" qu'on apparentera vaguement pour faire un bon mot à "cryogénient" (pour cryogénisent), le jeu de mot étant tellement laborieux que seule une faute de français lui donne un peu de sens. Je sais, dit comme ça, c'est réducteur mais tout est à l'encan, et c'en est parfois un peu trop, n'est pas Bobby Lapointe qui veut
Allez, juste un autre pour la route : "La nuit je mens, je m'en lave les mains." De profundis...

Absence de sens caractérisée, mais quand même pas absence d'histoires. Enfin pas toujours. Saluons quelques efforts de créer une narration cohérente sur davantage qu'une phrase. Une belle se réveillera-t-elle avant 2043 ? Une feignasse patentée saura-t-elle se bouger le derche pour nourrir avec autres denrées que des haricots en boîte + chips sa femme (la future princesse endormie ? on ne le sait, tellement les arcanes obscures de Bashung mènent à toutes interprétations). 
Quelques autres strophes deci-delà cet album ampoulé donnent à suivre dans la médiocrité l'esprit de l'alsacien binaire qui va jusque douter de sa propre mâle sexualité : sont-il (oui, sont-il parce qu'Alain se noussoie en des "sommes-nous" interrogatifs lancés à la cantonade pour quérir réponse à ses désespérances quinquagénaires) sont-il donc une gonzesse ? Je le confirme : c'est non. Il ne faudrait pas faire accroire que la seule raison de ses difficultés identitaires serait un sursaut progestegénique. Typique des machos du rock ça. Pathétique. 

Autre étonnement que nous ne saurions cacher devant le concert de louanges autour de cet album quand même bien calculé : l'avalanche de mélopées synthétiques et de violonnades torrentielles qui écrasent le rock à la base souvent bien torché par Bashung. 
On ne saurait blâmer l'alors chanteur bientôt finissant d'avoir su lire l'extraordinaire potentiel financier (et partant une occasion de relancer sa petite entreprise) de ce type de productions calibrées pour les dépressives foules post-adolescentes au pouvoir d'achat hypertrophié dès lors qu'il s'agit de leur fournir leur dose d'anti-prozac que sont ces musiques à l'émotion exacerbée en vue de générer un malaise permanent, soupes oppressantes entraînant dans un colimaçon irrésistible vers les outretombes où la jeunesse bobo se la joue Chateaubriant et Crowley réunis, oubliant ainsi la frivolité de leur camifienne vie de cadres moyens.
Pourquoi lui jeter la pierre ? Il a des impôts à payer, et Radiohead avait bien réussi son coup peu de temps avant avec son filou
OK Computer, désormais maître étalon de la déficience de dopamine et du suicide musicalement assisté, sur base de mélodies subtilement construites pour emprisonner l'auditeur dans une camisole de mélancolie, et lui priver tout sens du jugement qui lui permettrait de constater la banalité de ces chansonnettes, finalement. 

Avec graves renforts du bassiste de Portishead ou du chichiteux gratteux nouillorquais Marc Ribot, spécialiste des accompagnements des stars les plus péteuses de la planète,
Fantaisie militaire offre ainsi la version béret-baguette de l'album international de musique sérieuse et poétique (ffff et multi-têtes de gondoles Fnuck comme de bien entendu). Ce que nous autres dans notre jargon de p'tits gars normaux appelons "de la musique chiante" (oui, je sais, c'est un peu technique. Les fans de Bashung se reporteront à leur dictionnaire favori). 

Paroles débiles, musique déprimante : c'est à se demander comment tant de journalistes ont réussi à vendre et faire avaler à des centaines de milliers une telle diarrhée aux sonorités pénitencières
 
Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire. 



La note :  Bof...
 

La raison de cette chronique moins Pop Hits que Top of the flops ? Z'avez qu'à suivre le lien.


L'épilogue ? Espérons que non ! Je souhaite qu'il sache avec autant de savantes contorsions que la suivante photo terrasser la saleté de crabe qui lui grignote le dedans d'où est sorti le plus grand album de tous les temps : Fantaisie militaire  
 





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