26 novembre 2006
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Deluxe edition :
Billet original de 2006 édité dans son jus d'époque et massivement complété avec de la vraie musique en dedans (dont la version Pop Hits !), des nouvelles pochettes (dont plein de pastiches de Whipped cream) et toutes les images plus grandes et plus belles, le tout édité le 14 juillet 2010.
Bonus Extra :
Plein de versions de Love to love you baby dans l'épisode 04 de notre série de l'été 2010 Disco Machine guns

I love to love you baby...
When you're laying so close to me
there's no place I'd rather you be
than with me here
I love to love you baby...
Do it to me again and again
you put me in such an awful spin
in a spin
I love to love you baby...
Lay your head down real close to me
soothe my mind and set me free
set me free
I love to love you baby...
When you're laying so close to me
there's no place I'd rather you be
than with me here
I love to love you baby...
Do it to me again and again
you put me in such an awful spin
in a spin
I love to love you baby...
I love to love you baby...
I love to love you baby...
Love to love you baby baby...
I love to love you baby...
When you're laying so close to me
there's no place I'd rather you be
than with me here
I love to love you baby...

you put me in such an awful spin
in a spin
I love to love you baby
Lay your head down so close to
soothe my mind and set me free
set me free
I love to love you baby
When you're laying so close to me
there's no place I'd rather you be
than with me here
I love to love you baby

Bon, comme ça, à juste lire les paroles, même si la pochette affriole, c'est beaucoup moins chaud que la version gigotée par Donna Summer en 75 :
Et encore ! Vous n'avez probablement pas entendu la version cavalleresque hahannée par Lili Montès, fidèle d'entre les fidèles du grand orchestre de Mario C. :
Rrrrrrrrrrrr !!!

Giorgio Moroder était KapelMeister dans les faubourgs de Munich, près d'un fort de mousquetaires venus du nouveau monde. L'une des donzelles d'un spadassin, venue le rejoindre dans les contrées germaines, le quitta pour un repriseur de hallebardes teuton (en fait autrichien mais il avait quand même un sale accent boche), du nom de Helmut Sommer, ça ne s'invente pas.
Herr KapelMeister remarqua la jeune épouse dans une vèpre un peu chaude consacrée à la capilarité ébouriffante et très en vogue à l'époque où LaDonna (car tel était son nom de baptême) officiait dans la langue de l'inspecteur Derrick au sein d'un choeur des vierges supportant avec force démonstrations aérienne du sacrum un castrat pathétique qui louait die Caaaaliiiifoooorniiiiieeee. Giorgio, flanqué de son bedaud Pete Belotte (ça ne s'invente pas), proposa à la jeune pécheresse (elle venait de quitter Helmut, va savoir pourquoi) d'intégrer sa maîtrise personnelle, en tout bien tout honneur bien entendu (bien entendu).
Après lui avoir composé quelques partita, Giorgio lui écrivit un motet rien que pour elle, en hommage à la dévotion pour Dieu (Love to love you baby), et en fit une version réarrangée pour les longues messes d'hiver sous le nom de club-mix* pour une durée de 17 minutes, peu communes à l'époque et maintenant aussi.
Toutes les salons d'Europe s'arrachèrent cet ensemble musical.
* On ne confondra pas avec le club-pâté-mayo, inventé après et plutôt entre les Ardennes et Marquette-lez-Lille.

En fait, cette histoire racontée ainsi n'est pas ridicule, non non. Elle est franchement débile (pas l'histoire, authentique, elle, mais cette transposition moyen-âgeuse (nous avons fait ça uniquement parce que nous avons un co-financement du ministère de la Culture)).
Et puis mieux vaut se répandre ailleurs pour déguster ce morceau diversement.

Or, de crème, il n'y a que pouic chez Donna (les paroles et images le prouvent ci-dessus), et à peine un chouia de crème sur la pochette de ce n°24 de Pop Hits, le hit parade chanté. (pour vérifier, la revoici ci-contre, la pochette 24).
Et de lascivité, si Summer en abusa (ah ça !), que nenni pour notre affaire pophiette opus 24, tant dans l'interprétation de serveuse de fromage à la coupe au Mammouth de Vierzon-sud de Lili Montès, égérie de chez Damart avant d'être débauchée par Mario pour michèletorriser, que dans la photo d'illustration de cet épisode Pop Hits 24 commise par PAF International (non, il ne s'agit nullement d'une variation comico-graveleuse sur le nom du studio photographique PAF International, mais l'authentique référence de la prise de vue pour cette pochette du Pop Hits 24. Et d'une dizaine d'autres d'ailleurs. On croit rêver...).
Pis, aucune pochette de la série Pop Hits ne fut aussi non sexy que ce 24e volume. Limite scandaleux ! Pourtant, il y en eu des mimis des couvertures, voire des particulièrement chaudasses. Z'avez qu'à consulter notre rubrique les pochettes !!! là-haut à gauche, allez-y tout seul, j'ai peur de vous saouler par trop de balades hypertextuelles.
Mais là non. Habillée comme un automne de chez Pantashop, le mannequin qui s'appelait sûrement Jacqueline ou Marie-Sylviane suçotte vaguement un peu de crème fouettée derrière ses belles dents blanches croquinant à peine son speculoos prête à le recracher de peur qu'il ne fut parfumé au glaire de chameau.
C'est pas Michel Laguens qui se serait permis une telle assexurie picturale, lui qui nous propose plutôt par exemple ça, pour une compile de 74 :

Déchiros non ?
Rhalala, on en connait pourtant des manières de fouetter la crème sur des pochettes de disque sexys.
Bon OK, c'est un peu tiré par les cheveux, mais nous y voici ! (quel détour spécieux pour en arriver là, pathétique...), par la grâce d' Albert-derrière-qui-l'herbe-ne-repousse-pas et son soutif tyrannique (Herb Alpert and his Tijuana Brass en VO non sous-titrée), méga vendeur devant l'Éternel (pas plus fort que les Beatles quand même mais il a été le seul à coller 5 albums en même temps dans le top 20) et pourtant conchié par les snobs pour la facilité avec laquelle il bossanove et rumbise.
Certes, Herb Alpert a été davantage gaussé pour sa musique, que certains croient produite par Otis (pas Redding, les ascenseurs), que pour la très appréciée et léonardienne pochette de son album le plus vendu à travers le monde, Whipped cream & other delights, dont d'autres ont déjà causé suffisamment bien pour qu'on en rajoute pas.
La pochette ? Quelle pochette ? Eh b'en celle-ci :

Aïe aïe aïe la vie de ma mère ! comme aurait dit futur bébé Erickson s'il avait pu parler à l'époque au travers la couche de crème qui le recouvrait, sans parler du placenta de sa mômon Dolorès qui posait pour Herb sous la pudique et blanchâtre lacture battue masquant son 3e mois de gestation.

Ca, du charme, Dolorès Erickson en possèdait plus qu'il n'en faut, faisant de ses formes son fond de commerce devant les objectifs de photographes pour disques de musique chaude et les Steadycam de réalisateurs de soap indigestes.
Cette copine de Marlon Brando et des Everly Brothers qu'elle cotoyait dans les cours de comédie qu'elle fréquentait pour essayer d'améliorer ses performances dans les séries télé de seconde zone où elle minaudait, était aussi une proche d'Ole Blue Eye (le grand Frank, rien que ça !) qui lui présenta l'un de ses cousins avec qui elle sortit et Nat King Cole, avec qui elle ne sortit pas ou alors on ne me l'a pas dit mais pour qui elle posa avec quelques unes de ses copines modèles de l'époque pour un portoflio dans l'album Wild is love, à ne pas confondre avec le 45 tours du même nom. Cole chanta d'ailleurs au mariage de Dolorès, la classe Mc Fly !
17 couvertures suivantes (dont Piano Witchcraft de Cy Coleman ou The touch of your lips de Nat king Cole là au dessus) ne laissèrent plus douter : Dolorès est l'homme de la situation (et quand je dis l'homme, j'embrasse aussi les femmes).
17 couvertures suivantes (dont Piano Witchcraft de Cy Coleman ou The touch of your lips de Nat king Cole là au dessus) ne laissèrent plus douter : Dolorès est l'homme de la situation (et quand je dis l'homme, j'embrasse aussi les femmes).


Jerry Moss, le cofondateur d'A&M, maison de disque d'Herb Alpert, et Herb Alpert, trompettiste de charme et de dynamite et cofondateur d'A&M, la maison de disques d'Herb Alpert, étaient aussi des potes de Dolorès depuis un enregistrement en 1962 dans le garage d'Herb (aucun jeu de mot). Dolorès qui décidément connaissait du beau monde, les mit en lien avec le photographe Jerry Whorf, déjà responsable du cliché du touché de lèvres natkingcolien ci-dessus.

Pour $ 1,500 (en fait 1 500 dollars, mais ça s'écrit comme ça en américain), Dolorès quitta provisoirement les podiums et magazines de New York pour un studio losangelessois, où, après l'avoir délicatement couverte d'un drap, Jerry, qui était aussi connu pour avoir de la réserve, l'aspergea de 75 livres d'Elle & Vire épaisse légèrement battue (en fait, il utilisa de la mousse à raser, sauf pour la touche frontale). Il souhaitait donner une touche genre "Belle des champs sur guacamole" à la Manet tex-mex, fond vert moiré que le ouèbe a du mal à rendre autrement que glauque fluo, une sorte de crème de pistache atomique.
Les 90 jours de pré-maternité méritaient d'être masqués (quoique), mais pas la beauté de celle qu'on comparait alors à Audrey Hepburn (pour la candeur) ou Sophia Loren (pour... pour... enfin bon pour tout le reste).
L'effet fut dythirambique et difficilement imitable lors du 40e anniversaire de l'album pour lequel fut éditée une compile de remixes moyennenment convaincante, de la fade pochette aussi sexy qu'une glace au boudin (Bloody Sundae en anglais) si peu respectueuse de l'effet Whorfo-Ericksonnien de 1965 jusqu'aux musiques, pas mal mais sans plus.

En bref : pas mauvais, mais pas le délire.

Alors donc : la pochette !
Bon, d'abord, vu qu'elle emballait à mort (un disque en l'occurrence), cette pochette rapporta un tas de blé à Herb (toujours pas de jeu de mot), déjà que ça marchait bien pour lui, merci. Il se fait depuis lors les castagnettes en or avec cet album, pourtant pas le meilleur (mais pas mal quand même).
Dolorès, quant à elle, n'en profita pas outre mesure et ne se fit rien en or, bien que vivant très bien. Ses lustres suivants furent bien remplis par son mannequinnat à NYC au service de la mode sur pratiquables ou en quadrichromie. Au mitan des 70's, à peu près à la période où Pop Hits 24 sortait, Dolorès quitta le métier, se maria vaguement avec un connard et se mit à peindre des croûtes. Elle est quand même très sympa et répond gentiment et positivement aux sollicitations des journalistes et photographes, particulièrement depuis 2002.
Quant à Herb Alpert, il a continué de truster les premières places des hits parades dans les années 60 mais la suite fut davantage consacrée à des galas à Las Vegas et à la cogestion de son label A&M avec Jerry, dont on aurait tort de voir son homme de paille en Herb (là ça y est, vous pouvez rire).

...
...
Brmpf....
Bon, d'accord, faisons simple, on est quand même sur le ouèbe : ce ne sont pas seulement les 6 millions de couvertures de l'album écoulées qui transfigurent et mythifient la pochette, mais les pastiches qui en furent faits.
Les artistes et les publicitaires les plus bidons purent se faire un peu de gras en réutilisant pertinemment le succès d'Alpert et de sa Mona Lisa crèmeuse, comme par exemple le discoïde Sweet Cream qui sortit en 1978 un album éponyme comme on écrit (parce que ça ne se dit pas, meuuuuh non) :

Certes, le photographe a essayé de faire dans le sexy (le modèle est joli) et dans la provoc (le modèle est noir) mais la pose un tantinet scolaire est gâchée par l'aspect plâtreux de la crème. On dirait du Gaviscon® vomi par mon chien (par Bosco, Itou, le vieux qu'est mort) et assemblé frénétiquement à coups de fourchette par un Richard Dreyfus en quête de rencontre zarbi.
Dès 1966, les mamies de Frivolous Five avaient revisité avec beaucoup d'humour la mythique pochette de l'album latino jazz pour beugler des scies du patrimoine de la variété étatsunienne :

La médiocrité des chansons est heureusement oubliée par l'audace du pastiche et la qualité artistique de la réalisation, couleurs, pose, lettrage, onctuosité de la crème, la totale.
D'autres artistes avaient moins de moyens pour s'acheter assez de crème ou louer les talents d'un graphiste, et se rattrappèrent sur l'humour gastronomique :

Ha ha ha sacré Steve !
Bon, ne nous égarons pas, et revenons aux vrais pastiches de Whipped cream... Troublante est la proposition du groupe grunge FM Soul Asylum en 1988 qui venait de signer ça chez A&M :

Outre la composition graphique de grande qualité, l'effet décalé de la pose masculine est démultiplié par l'aspect peu ragoûtant de la sauce qui, comme le rappelle le titre, est une mayonnaise pour fruits de mer dont les odeurs firent flancher le cœur du bassiste de Soul Asylum Karl Mueller pendant la séance (flancher le cœur, c'est que nous utilisons dans notre jargon technique à la place de déborder l'estomac, gicler des intestins, geysérer des boyaux, dégobiller du bide, enfin bon vous voyez).
Pour la musique, l'effet est également peu ragoûtant.
Très bonne idée également pour ce pastiche qui emballe par ailleurs une très très bonne compile de tubes de seconde zone que l'équipe du site Pop Hits fait tourner régulièrement dans son iTunes. L'idée, nonobstant l'adaptation du lettrage et de la couleur un peu faiblarde, est magnifiée par un jeu de mots de première bourre. On en mastiquerait bien un bout :

Dans le genre compile, des titres surf ou censés l'être (en fait du west coast assez inégal) ont été médiocrement repris et hideusement emballés en 99 dans une pochette puisée dans l'univers d'Herb Alpert, et pour cause : celui-ci étant repris deux fois dans cet assemblage très dispensable :

Tant qu'à faire dans le mauvais goût, mieux vaut se tourner vers les collages post-modernes imbitables de Jabberwocky qui offrent leur musique gratos, c'est le moins qu'ils puissent faire :

D'autres variations sur la pochettes furent davantage dans l'esprit graphique verdâtre au lettrage simili art-nouveau à la sauce space pop, comme ce que proposèrent Pete Nero en un hommage trompetté très vulgairement à Herb Alpert :

Ou pire encore (musicalement parlant) par une chiée de tubes populaires passés au sanibroyeur Hammond de Bob Ralston :

On ne sait que penser de cette folledingo de Cherry Capri, dont une vidéo hilarante laisse à penser que le grand Richard Cheese a des émules.

Bel hommage également à l'esprit et au graphisme pour cet ensemble ricain qui ne manque pas d'humour, à défaut de talent assez moyen pour la molle bouillie qu'ils font du hit album concept nazi Carmina Burana, pépite que les fans d'EBM et de Numetal se repaissent pour l'intro de 98% de leurs concerts préférés:

Reprise du titre et du graphisme de l'album par le combo power pop des 90's très pertinemment oublié Cone of silence :

Moins bien maquetté mais encore plus explicite quant à l'hommage (pour le nom seulement), les suédeux shoegazeux pas dégueu de Whipped cream avait commis un album éponyme en 91 :

On s'éloigne graphiquement de cette seule pochette de Whipped cream pour le lettrage caractéristique d'Herb Alpert, repris dans la pochette pour la folk pop très passable de 2010 d'AM, le genre ni fait ni à faire :

Dès les années 60, cela inspira d'autres ensembles d'easy listening, comme ces obscurs frères Ohman et leur album introuvable de 1967 :

Mais finalement, c'est le pastiche de 1967 qui est plus trash, par le "rigolo" Pat Cooper. Son comique communautaire italo-américain politiquement très incorrect étant une sorte de mélange de qualité aléatoire mais jubilatoire entre Michaël Youn, Guy Bedos et Dieudonné, le terme rigolo est davantage une qualificatif professionnel objectif qu'un épithète zygomatyque qui ne souffrirait aucun conteste, bien que nonobstant notre difficulté à réellement tout comprendre, l'équipe de Pop Hits se fonde sur une étude exhaustive des 1 660 000 occurences googlesques sur l'asticot qui nous font compisser nos braies pour reprendre un vocabulaire batracien, notamment lorsqu'on l'entend beugler "I'M NOT YELLING ! I'M ITALIAN !" ou "I thought the Sopranos was an opera".
Cooper a dégainé dans les années 60 le subtilement dégueulasse et sublimement pissogène Spaghetti sauce & other delights :

Il y a fort à parier que Cooper fit doublement référence à l'album d'Alpert et au Who Sell out des Who (des qui ?) où (qui ?) Daltrey pateaugeait dans une baignoire de spaghetti Heinz.
Brefle, ce Whipped cream and other delights aura été un album dont la pochette fut des plus inspirantes, et nous n'avons ici qu'effleuré (rrrrrrrrrrrhhh) le sujet.


Le directeur artistique de chez Musidisc (l'éditeur des Pop Hits) s'est donc privé d'un filon érotogène, pour rester dans un registre assez chaste, bien que vulgaire de temps à autres ainsi que nous nous plaisons à le décrier à longueur de pages de ce site finalement pas si pudibond que ça au vu du nombre de nénés que nous aimons à suggérer sous des motifs faussement historico-culturels.
Quand on pense que ma mère ne me sait pas webmestre de Pop-Hits.net mais me croit cuistot à la cafet' du musée du 33 tours de La Chapelle d'Armentières...
Mais ça, évidemment, personne n'ose le dire.
